Remettre les gaz, ceux à effet de serre compris ?
Avez-vous repris l’avion ? Moi pas encore, mais l’envie revient. Beaucoup m’ont visiblement précédé comme on pouvait le constater à l’oreille ce week-end dans les rues ensoleillées de Paris. Le transport aérien a redémarré, et la Supply Chain aéronautique avec elle. Cela fait même des mois que les grands donneurs d’ordre –Airbus en tête– en appellent à une remobilisation générale de la filière sur le thème de la « remontée en cadence ». Au plus fort de la crise sanitaire, les carnets de commandes avait été chahuté par les reports, ou des défaillances de compagnies, sans parler des déboires du programme 737 Max de Boeing, cloué au sol et suspendu en production. Mais l’horizon s’est éclairci et les commandes se chiffrent plus que jamais en milliers, conférant à l’aéronautique civile une visibilité sans équivalent dans aucun autre secteur. Président d’Airbus (et du Gifas qui rassemble toute la filière française), Guillaume Faury souligne à chacune de ses interventions le défi en cours pour revenir au plus vite au rythme de production d’avant-crise pour la famille A320, qui représentait déjà plus des trois quarts des livraisons, puis pour atteindre la cadence de 65 livraisons par mois à l’été 2023 (et au-delà ultérieurement). Le cap est fixé, mais ce re-ramp-up n’est pas sans difficultés, à commencer par celles de nombre de petits acteurs en amont de la filière, fragilisés par les deux années écoulées. Les points d’interrogation sont nombreux sur leurs capacités d’investissement, la maitrise du BFR, ou sur la reconstitution des stocks pour répondre à l’appel des chaines d’assemblage comme aux besoins de pièces pour la flotte de retour dans les airs, sans parler de tenir les exigences de qualité de services qui assurent la mécanique de cette chaine complexe. Ce sera justement l’objet du dossier Aéronautique à paraître d’ici quelques jours dans le numéro de mai de Supply Chain Magazine. Et tous les acteurs interrogés nous ont fait valoir le défi RH qui se pose à court terme. Des milliers de recrutements sont au programme pour reconstituer des effectifs mis à mal par le récent coup de frein (même si la casse a été en partie limitée dans l’Hexagone). Remettre les gaz, comme avant ? Certes, le boom des commandes est porté par le renouvellement des flottes avec des avions moins gourmands en carburant. Mais l’enjeu est aussi de recruter pour préparer l’avion de demain, qui permettra une décarbonation plus fondamentale du transport aérien. Chez nombre de voyageurs, l’envie de reprendre l’avion a beau se faire sentir, elle cohabite désormais avec une interrogation plus fondamentale sur l’empreinte écologique de leurs vols d’agrément. Maxime Rabiller