Depuis les années 1990, on ne peut pas vraiment dire que les documents publiés par le GIEC soient d’un optimisme béat, mais le troisième volet du sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, publié le 4 avril dernier, est carrément alarmant. En résumé, l’organisme intergouvernemental nous donne à tous trois ans, d’ici à 2025, pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle planétaire et conserver l’espoir d’éviter les conséquences dévastatrices d’un changement climatique qui pourrait mettre en péril à terme la moitié de l’humanité ! En 2030, ces émissions de GES doivent avoir diminué de moitié par rapport à 2019. Rien que ça.
Pour le GIEC, il n’y a plus le choix : la limitation à + 1,5 °C du réchauffement évoquée dans l’accord de Paris de 2015 n’est visiblement plus à notre portée, et si on ne renforce pas les politiques actuelles, on s’achemine tranquillement vers une augmentation globale de la température de + 3,2 °C d’ici la fin du siècle. Il faut donc donner très vite un coup d’accélérateur à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs, notamment le bâtiment, le transport, l’agriculture et l’industrie, et limiter drastiquement l’usage du pétrole et du gaz d’ici 2050 (respectivement de 60 % et 70 %). Cela passe aussi par des changements dans notre manière de vivre et dans nos habitudes sociales et alimentaires.
Le problème semble pris très au sérieux par notre président Emmanuel Macron, qui a annoncé entre les deux tours que l’écologie serait l’un des fers de lance de son second quinquennat, sous la responsabilité directe de son futur Premier ministre, dont le nom n’est pas connu à l’heure où j’écris ces lignes. Dans ce contexte, les directions supply chain auront plus que jamais du pain sur la planche pour aider les entreprises à réduire leur consommation énergétique et leur empreinte environnementale, à trouver des alternatives en termes de stratégies de transport de fret, de filières industrielles, de sourcing, d’emballage, d’écoconception, de logistique urbaine, de bâtiments logistiques (voir notre dossier complet sur le « zéro carbone » dans ce numéro), etc. Tout cela sur une échelle de temps extrêmement réduite, en faisant face de surcroît à des pénuries de main-d’œuvre et des difficultés en matière d’investissements. Menées tambour battant sur le court et moyen terme, rappelons-nous que toutes ces actions viseront avant tout à ne pas hypothéquer les conditions de la vie humaine sur notre planète… sur le long terme.