Que Disney me foudroie pour avoir quelque peu dévoyé et pris des libertés avec la célèbre phrase en swahili du film Le Roi lion (que le groupe américain a d’ailleurs déposée en tant que marque, mais ceci est un tout autre débat). Loin de toute polémique, je veux juste par ce titre humoristique insister sur l’importance phénoménale et stratégique qu’est en train de prendre la gestion des données dans les directions supply chain des entreprises, leur collecte, leur nettoyage, leur exploitation, leur protection, parfois même leur commercialisation. Sans données abondantes et pertinentes, pas de processus S&OP efficace, ni de visibilité sur les stocks, ni de service client proactif, ni d’espoir de profiter des alléchants bienfaits annoncés de l’intelligence artificielle et du machine learning sur le pilotage de la chaîne logistique et les prévisions de ventes.
Bien entendu, de nombreuses grandes entreprises, au travers de leur démarche de digitalisation, ont déjà largement intégré le fait que les données constituent le principal carburant de l’excellence opérationnelle et de l’orientation clients. La nomination, au sein de Schneider Electric il y a quelques années, de François Martin-Festa, un ancien vice-président Logistique et directeur de la planification Supply Chain, au poste de vice-président Digital Customer Experience est un bel exemple de cette évolution. Comme nous l’indique l’intéressé dans l’interview de ce mois, cela illustre également le rôle clé d’orchestrateur et de contributeur au business, voire à la stratégie de l’entreprise, que doit pouvoir jouer la supply chain, au-delà de ses attributions plus classiques concernant la performance des opérations physiques.
Cette révolution de la data se traduit aussi par l’apparition au sein des grandes directions Supply Chain des nouveaux alchimistes que sont les data analysts et autres data scientists, à même de tirer le maximum de la manne de données endogènes et exogènes. Les entreprises devront aussi, me semble-t-il, opérer un virage philosophique vis-à-vis d’un excès de confidentialité de leurs données. Il faudra sans doute assouplir et différencier leur gouvernance en la matière. Il est évident qu’une partie des données est d’une importance stratégique et ne doit pas être communiquée aux concurrents, mas il est également indispensable de pouvoir échanger de manière collaborative un grand nombre d’informations avec ses partenaires et fournisseurs, notamment pour fluidifier la supply chain et améliorer les prévisions sur toute la chaîne. D’autant que la montée en puissance des outils dans le Cloud risque de fort de laisser sur le bord de la route ceux qui voudront à tout prix continuer à garder toutes leurs données bien au chaud, rien que pour eux. Nous y reviendrons dans un prochain dossier de Supply Chain Magazine consacré au Cloud en supply chain.