Beaucoup d’acteurs ne sont pas prêts pour le Brexit
Alors que les négociations sur le Brexit n’ont toujours pas accouché d’un accord, il apparaît que les entreprises ne sont pas toutes prêtes aux formalités douanières et sanitaires que va imposer le retour d’une frontière entre le Royaume-Uni et la France. « Beaucoup d’entreprises pensent que l’accord entre le Royaume-Uni et l’Union européenne va régler les problèmes », a déclaré Olivier Thouard, courtier en douane et président du groupe de travail Brexit de TLF, l’Union des entreprises de transport et de logistique de France lors d’une table ronde organisée par Norlink la semaine dernière. « Or, ce n’est pas le cas. Il y aura des formalités nécessaires (déclaration export, Kent access permit, etc) qu’il y ait un accord ou pas. Et malgré les communications qui ont été faites, nous n’arrivons pas à toucher tous les opérateurs. Le constat est le même partout en Europe, beaucoup d’acteurs ne sont pas prêts. Les brokers anglais sont encore moins au point que nous. Les futures règles pour le transport sont toujours en discussion ». Actuellement, 16 000 poids lourds transitent chaque jour entre les Hauts-de-France et le Royaume-Uni, contre 12 000 habituellement car les entreprises font du stock en prévision du Brexit. Le flux des véhicules de particuliers est aussi important. Le sous-préfet en charge du Brexit, Paul-François Schira, ne « veut pas promettre qu’il n’y aura pas d’engorgement à Calais dès le 1er janvier, d’autant que la météo et les étrangers en situation irrégulière peuvent être des éléments perturbateurs. Mais les 15 premiers jours de janvier devraient être calmes, car beaucoup de stocks ont été faits. L’Etat va devoir apprendre, car on recrée une frontière ». Le représentant de l’Etat souligne que 2 000 places de parking pour les poids lourds ont été aménagées et que plus de 1 500 places de parking privés sont recensées le long de l’A16. « Les trois-quarts du flux transmanche viennent de Belgique et nous nous sommes mis d’accord avec les Belges pour qu’en cas de congestion, ils détournent les flux vers le Sud, via l’A25/A26 », précise Paul-François Schira. Les Douanes ont embauché depuis deux ans, et ouvert trois bureaux à Dunkerque, Calais Eurotunnel et Calais port. « Ils seront ouverts 24h/24, pour traiter y compris les camions descendant des navettes Eurotunnel et des ferrys », souligne Jean-Michel Thillier, directeur interrégional des Douanes. « Nous avons créé un système informatique qui automatise le passage à la frontière. Et les brokers sont déjà connectés aux systèmes douaniers français et anglais ». Par ailleurs, les contrôles pourraient bien être allégés dans un premier temps. TLF annonce qu’une cellule de crise fonctionnera tous les jours à compter du 1er janvier 2021 pour faire des points quotidiens avec la Douane. Le président de Norlink et de la CCI des Hauts de France, Philippe Hourdain, ne sous-estime pas « les difficultés à venir », mais veut aussi voir les opportunités pour sa région, « avec la nécessité de créer des services à valeur ajoutée, dans la logistique notamment, pour assembler, consolider les marchandises. Le port d’Anvers le fait déjà ». VL