Les (supply) chaînes de la fée Hydrogène
L’hydrogène vert s’annonce comme la future réponse décarbonée pour le transport de fret longue distance, sur route, sur rail, sur mer, dans les airs. En entrepôt, on commence déjà à croiser quelques chariots animés par cette source d’énergie. Certes les incertitudes demeurent, notamment sur l’évolution des coûts des composants, comme de l’électricité nécessaire à sa production (environ 3/4 du coût de l’électrolyse) mais cela n’empêche pas les chantiers de cette supply chain H2 (production, stockage, distribution) de commencer à s’organiser à grande échelle depuis l’an dernier. La France, qui veut devenir un leader de l’hydrogène renouvelable, prévoit d’y consacrer 9 Mds€ d’argent public d’ici à 2030. Des projets colossaux se mettent en place, comme l’« hydrogénoduc » H2Med entre Barcelone et Marseille, ou cette grosse usine de fabrication de piles à combustible de forte puissance annoncée pour 2024 près de Bordeaux (pour des applications dans le maritime, le ferroviaire et le stockage d’énergie). Au total, une dizaine de gigafactories dédiées à l’hydrogène bas carbone devraient s’implanter dans l’Hexagone, avec à la clé la création de plus de 5 000 emplois. On notera que dans le cadre l’initiative HyNEAT (Hydrogen Supply Networks' Evolution for Air Transport), les Allemands s’interrogent sur les capacités futures de production d’autres régions que l’Europe pour faire décoller l’aviation à hydrogène, notamment l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. La recette de la production en masse de l’hydrogène vert, c’est de l’eau (dessalée ou non), de l’air et de l’électricité décarbonée. Il faut donc soit beaucoup de vent (éoliennes) soit beaucoup de soleil (photovoltaïque). A moins qu’une pincée d’Uranium 238 puisse faire l’affaire ? Bruxelles a en effet proposé le mois dernier, malgré l’opposition de l’Allemagne et de l’Espagne, que l’hydrogène produit à partir d’un mix électrique avec du nucléaire puisse, sous certaines conditions, être considéré comme « vert » ! Jean-Luc Rognon