La décarbonation suscite attentisme voire pessimisme côté chargeurs
« Nous sommes à la croisée des chemins » : voilà comment Xavier Villetard, partner chez bp2r, résume la dernière enquête annuelle sur la décarbonation du transport routier de marchandises menée par le cabinet de conseil (qui vient de rejoindre le giron de PwC, voir NL 3824) en association avec son ex-confrère Sightness et le cabinet Carbone 4, spécialiste en stratégie bas carbone. Intitulée ‘(Ré)concilier transport de marchandises et décarbonation’, cette enquête a interrogé en juin quelques 114 donneurs d’ordre de divers secteurs (agroalimentaire, grande distribution, automobile, textile, PGC, etc.). Et il ne sont pas optimistes quant au ‘verdissement’ rapide du secteur. 61% estiment que le TRM français n’atteindra pas l’objectif de neutralité carbone fixé pour 2050 par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) du gouvernement. Mais conscients de l’enjeu de décarbonation, ils sont 71% à s’être déjà mobilisés sur un plan d’action de réduction des émissions de GES portant spécifiquement sur leur transport de marchandises (vs. 64% en 2022). En revanche, seuls 5% notent que le sujet est formellement structuré dans leur entreprise (6 % en 2022 et 17% en 2021). Côté moyens pour cette réduction de leur impact carbone, les chargeurs misent dans l’ordre sur le calcul annuel des GES (67%), le partage de bonnes pratiques en interne (55%), le recours à des consultants spécialisés (30%), et l’utilisation d’outils de simulation d’impact carbone ou de calcul/pilotage des GES (29% chacun). Et le principal levier d’actions des chargeurs dans leur ‘politique’ de décarbonation repose plus que jamais sur l’incitation des transporteurs à réduire leur consommation de carburant, citée à 73 %. Suivent le recours à davantage de motorisations alternatives, le développement du transport multimodal et la réduction des fréquences de livraisons (voir infographie). « La réduction des volumes transportés et ou celle des distances parcourues sont très peu plébiscitées, soulignent les auteurs. Ces leviers, sur lesquels les chargeurs ont pourtant directement la main, sont souvent délaissés au profit de ceux qui renvoient indirectement la balle aux transporteurs : les leviers d’achat et de relation fournisseurs ». Autre enseignement : davantage de chargeurs incitent leurs clients à opter pour des livraisons ‘propres’. Ils sont désormais plus de 30 % à permettre d’opter pour des modes de livraison faiblement émetteur via des incitations tarifaires et non tarifaires. AD