Ne pianotez pas fiévreusement sur votre smartphone, il n'y a pas eu ce week-end de nouvelle annonce de nomination gouvernementale. Le titre de cet édito ne fait pas non plus référence à l'arrivée récente de Jean-Baptiste Djebbari au poste de secrétaire d'État chargé des Transports. Mais alors de quoi s'agit-il ? Il m'est arrivé, en tant que journaliste spécialisé, de pointer du doigt une certaine méconnaissance, et une sorte d'indifférence du monde politique en général vis-à-vis de la logistique et du pilotage de la supply chain (souvent assimilés à des problématiques transport). Il y a bien sûr des exceptions, à commencer par Emmanuel Macron lui-même, qui en tant que ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, avait présenté en 2016 au conseil des Ministres (aux côtés d'Alain Vidalies, alors secrétaire d'Etat aux Transports) la fameuse stratégie nationale « France logistique 2025 » (ce qu'elle est devenue depuis est un autre débat). N'oublions pas non plus François-Michel Lambert, que l'on pourrait qualifier de député « écologistique », ancien chercheur au Cret-Log et farouche partisan de la création d'une fonction interministérielle dédiée à la logistique, à la supply chain et à l'économie circulaire. Non, ce que je voulais partager avec vous ce matin, c'est une très agréable surprise, celle d'avoir entendu l'anglicisme « supply chain » prononcé fort à-propos à plusieurs reprises par un membre du gouvernement en exercice, en l'occurrence Agnès Pannier-Runacher, mardi dernier lors d'un point sur le Brexit devant la presse et les fédérations professionnelles. En parlant des chaînes complexes, avec des franchissements successifs de la frontière avec le Royaume-Uni, la secrétaire d'Etat au Ministère de l'Economie et des Finances a ainsi évoqué l'anticipation « des niveaux de stocks qui permettent de gérer des difficultés potentielles de timing et de gestion de la supply chain ». « Le problème, ce sont les ricochets, vous n'avez pas forcément réalisé que tel contrat qui vous parait assez modeste dans votre portefeuille va en fait poser un vrai problème chez un troisième sous-traitant dans la chaîne de valeur, et que du coup vous pouvez avoir une difficulté d'approvisionnement ou un problème pour servir vos clients » a ajouté la secrétaire d'Etat, qui a été entre 2011 et 2013 directrice de la division clients R&D chez Faurecia. Loin de moi l'idée de distribuer des « bons points », mais je trouve qu'il est rassurant que nos politiques prennent conscience des problématiques de supply chain au plus haut niveau de l'Etat.
Jean-Luc Rognon