Entre records de température, dramatiques incendies, tempêtes et inondations, cet été 2023 aura sans doute été plus efficace que n’importe quel rapport du Giec pour faire toucher du doigt par le plus grand nombre de terriens les prémices du réchauffement planétaire. Pour bon nombre d’entreprises et de cabinets de conseil, cette prise de conscience est déjà suivie d’effets. Depuis longtemps habitués aux subtilités de la « conduite du changement » dans leurs projets de transformation, il leur faut désormais penser à un « changement de conduite » dans la manière de sélectionner les fournisseurs, de concevoir les produits, les fabriquer, les emballer, les transporter, les livrer, et même les recycler. Cette forme de remise en question a aussi des conséquences sur la planification, plus que jamais au cœur du réacteur de la supply chain, avec la montée en puissance des enjeux environnementaux dans le processus S&OP (Sales & Operations Planning). Le sujet, parmi d’autres comme la réconciliation entre planification et opérationnel pour accroître l’agilité, a figuré au centre des débats de la 17e édition du Forum d’été de Supply Chain Magazine, début juillet. Pour ceux qui n’ont pu y assister, vous en aurez un bel aperçu dans ce numéro de rentrée avec le compte rendu des interventions et de la table ronde.
Comme l’ont fait remarquer fort justement sur scène Nicolas Commare et Cédric Hutt de l’éditeur Colibri, un autre « changement de conduite » est à l’œuvre en entreprise, dans la manière de considérer les métiers d’approvisionneur, de prévisionniste et de planificateur, dont le rôle devient de plus en plus stratégique et où les soft skills gagnent en importance. Cette revalorisation des postes, y compris côté rémunération, touche également d’autres métiers historiques de la supply chain, ceux de l’ADV/service client ou des responsables d’exploitation de site par exemple, comme vous le constaterez en lisant notre grande enquête sur les salaires en page 26. On y apprend aussi que ces dernières années ont vu l’émergence de nouveaux intitulés de postes aux noms exotiques, du supply chain innovation leader au business support officer, en passant par le data analyst supply chain (en V. O.). Et que dans les métiers de cadres de la supply, il existe encore bel et bien un différentiel de 15 % sur la rémunération annuelle brute médiane entre hommes et femmes. En voilà un changement de conduite à inscrire de toute urgence dans la to do list des dirigeants d’entreprise !
Changements de conduite