Pour son enquête 360° « Supply chain, transport et logistique » réalisée avec l’Aslog, le cabinet de recrutement Fed Supply a demandé à un panel de plus de 650 candidats de classer les critères de sélection qu’ils pensaient être les plus importants du point de vue des recruteurs. Assez logiquement, 58 % ont placé en tête l’expérience, d’autant plus naturellement que toutes les personnes interrogées sont déjà en poste, soit dans une direction supply chain, soit sur un site d’exploitation, et que 55 % d’entre elles exercent une activité professionnelle depuis plus de 10 ans. Mais Fed Supply a également posé la question côté recruteurs, et ces derniers ne classent l’expérience qu’en deuxième place. Cela se joue à peu de chose, mais le critère numéro un, ce seraient les fameux « soft skills », ces compétences non techniques qui s’apparentent à un certain savoir-être : confiance en soi, empathie, gestion du stress, communication, créativité, audace, curiosité, sens du collectif, etc.
Cela me semble significatif d’une évolution dans la perception générale du métier de responsable supply chain. Il connaît la théorie sur le bout des doigts, mais il doit jouer un rôle d’animateur, de « gentil coordinateur » des informations et des actions, à la fois en interne et au sein de l’écosystème, afin notamment que toutes les commandes soient honorées dans les délais prévus. De fait, les soft skills lui seront d’autant plus utiles pour animer un processus complexe de S&OP, de mise en adéquation de la demande et des capacités. Il faudra par exemple faire preuve de créativité avec ses collègues du marketing, d’empathie avec les commerciaux, de curiosité avec la R&D, de trésors de communication avec les achats, de sens du collectif avec la production. Et sans doute aussi d’audace et d’une bonne capacité à gérer le stress avec sa direction générale.
L’étude révèle un autre détail surprenant. À la question suivante : « L’obtention d’un poste en S&OP, ou PIC en français, serait-elle une évolution souhaitable de votre carrière ? », presque 50 % des candidats répondent que oui, bien sûr. Mais 20 % du panel (pourtant savamment composé par Fed Supply de professionnels travaillant dans le domaine, à 85 % bac + 2 ou plus, et même à 50 % niveau bac + 4 ou + 5) reconnaît de pas savoir précisément ce qu’est le S&OP.
« Essenoquoi ? », « Obtient-on le statut d’expat si on part travailler en Essenopie ? ». Il ne s’agit pas ici de se moquer, mais de se rendre compte que les fondamentaux du supply chain management ne sont pas encore aussi partagés que cela dans les entreprises, même dans les services SC et logistique. Voilà qui explique peut-être la tendance des supply chain académies, sur lesquelles nous nous sommes penchés ce mois-ci dans la rubrique Management. Bonne lecture !