La France en compterait 4 500 à 5 000 (d’une surface supérieure à 5 000 m2). Ils sont tellement ancrés dans le paysage que c’est à eux que vous faites spontanément référence lorsque vos amis, vos beaux-parents ou vos enfants vous demandent d’expliquer ce que vous faites dans la vie. Bien sûr, toute la problématique de pilotage et de maîtrise de la supply chain ne se résume pas, et de loin, aux quatre murs des entrepôts logistiques. Mais ils n’en sont pas moins les lieux emblématiques de la profession, ces carrefours de flux qui tendent à se transformer en véritables usines logistiques. C’est pour cette raison que nous leur consacrons, cette année encore, un dossier spécial dans notre numéro du mois de mai.
La vague du digital et de l’e-commerce a déjà de grosses conséquences sur leur organisation interne, sur la manière de traiter les flux ou les équipements utilisés. Leur système d’information est amené à s’ouvrir aux infrastructures mondiales de calcul sur le Cloud, pour tirer parti des possibilités de l’intelligence artificielle de prévoir les flux à venir avec plus de précision, voire même de proposer des axes d’optimisation que l’on n’aurait jamais imaginés.
Du fait des contraintes de la logistique urbaine, l’apparence de certains entrepôts commence en outre à se modifier singulièrement, avec l’apparition d’étages par exemple. Et la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans certaines régions incite davantage les exploitants à réfléchir sérieusement aux moyens d’améliorer les conditions de travail dans les bâtiments logistiques.
Projetons-nous encore plus loin dans l’avenir. À quoi ressembleront nos chers entrepôts à l’heure de l’économie circulaire ? Dans le cadre de la récente étude prospective commandée par l’INRS sur l’économie circulaire en 2040, l’intuition de Laurent Grégoire, président d’honneur de l’Aslog et cofondateur de la chaire Supply Chain de CentraleSupélec, est que la logistique circulaire devra s’appuyer d’ici 20 à 30 ans sur l’Internet physique, compte tenu de l’extrême complexité et la multiplication de flux secondaires en circuits courts. Les entrepôts, en tout cas un certain nombre d’entre eux, intégreront alors des zones spécialement dédiées au cross-docking des « matières premières secondaires » (ne les appelons plus déchets) dans des contenants normalisés et interopérables, à destination d’autres nœuds du réseau, à l’image des paquets de données qui transitent via les routeurs d’Internet. On peut aussi imaginer que ces hubs du futur accueilleront des activités de démantèlement, de réparation, voire de fabrication avec des imprimantes 3D (soyons fous). L’usine serait-elle l’avenir de l’entrepôt ?