La fin de la récré

Vous rappelez-vous la saga publicitaire pour la Renault Espace, à la fin des années 90 ? On y voyait une immense plage flanquée de falaises, comme à Etretat, et tout le long des parois crayeuses, à perte de vue, des rayonnages regorgeant de livres et d’objets divers. Avec ce slogan choc : « et si le vrai luxe, c’était l’Espace ? ». Quel fabuleux salon de lecture, il y avait de quoi rêver ! C’était il y a vingt ans, la filiale française d’Amazon n’était même pas encore née. Personne ne soupçonnait qu’il paraîtrait un jour tellement plus « naturel » de se faire livrer n’importe quel livre « à la demande » en quelques heures, plutôt que de risquer sa peau en escaladant les parois de sa falaise-bibliothèque imaginaire.

Et si pour le consommateur d’aujourd’hui, le vrai luxe c’était le temps, ou plutôt l’instantanéité ? Plus besoin de stocker chez soi ce dont on n’a pas besoin dans l’instant, tout peut être livré en moins de temps qu’il ne faut pour aller l’acheter. En pianotant sur son smartphone, voire en pressant un bouton-poussoir connecté. Certes, la majorité des produits continuent à se différencier sur des critères de qualité ou de prix, mais le délai de livraison pèse de plus en plus lourd dans la balance. Mesdames et Messieurs de la Supply Chain, à vous de jouer pour faire la différence. La livraison directe, la grande distribution s’y lance à corps perdu, en ayant bien conscience que cela ne fera qu’éloigner encore plus de ses magasins des consommateurs dont beaucoup sont déjà accros au Drive. Même le secteur du luxe, qui a longtemps cru qu’il était au-dessus de ces considérations pratiques, se lance lui aussi dans la course à la livraison à domicile et à l’omnicanalité. Cela fait d’ailleurs partie des grands défis du luxe que vous pourrez découvrir dans notre enquête de ce mois-ci.

Ce luxe de la livraison instantanée représente-t-il forcément l’avenir ? Le doute est permis. « Le faux rythme imposé à tous par Amazon est d’une telle aberration sur le long terme du point de vue transport, logistique et développement durable qu’il y aura forcément une limite. Il faudra siffler la fin de la récré à un moment ou à un autre » a prédit Alain Borri, du cabinet bp2r, lors du workshop Industrie et Recherche en logistique et SCM (WIRL) le 10 octobre dernier dans les locaux de Neoma Business School à Paris. Mais qui fera l’arbitre ? Le gouvernement, peut-être, lui qui vient d’annoncer sur un tout autre sujet son intention de mettre un terme à la destruction des ressources en donnant une place centrale à l’économie circulaire (voir notre compte rendu sur la Matinale Aslog). Ou bien le consommateur schizophrène, réalisant soudain qu’il est aussi, et surtout, un locataire de la fragile planète Terre ? Et si le vrai luxe, c’était de pouvoir encore rêver ?

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La fin de la récré

Crédit photo Jean-Luc Rognon

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  • Jean-Luc Rognon

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