Quand les historiens se pencheront sur la période que nous sommes en train de vivre, il est certain qu’ils y trouveront matière à réflexion (à condition bien sûr qu’il y ait encore des historiens dans le futur). L’enchaînement des évènements et leurs conséquences fâcheuses donnent le tournis, je vous fais grâce de leur énumération car en professionnel de la supply chain, elles vous mobilisent au quotidien. La dernière inquiétude en date concerne le prix et la disponibilité de l’énergie à très court terme. Je pourrais vous partager mon angoisse personnelle, en tant que particulier, de ne pas savoir comment je vais passer l’hiver puisque mon poêle à bois, qui devait arriver en août, n’est toujours pas installé (pénuries d’acier et de composants électroniques), et qu’il y a désormais d’extrêmes tensions sur les approvisionnements de pellets et autres granulés de bois. Mais je pensais plutôt aux entreprises, sommées par le gouvernement de faire des efforts de « sobriété » pour aider la France à réduire de 10 % sa consommation énergétique, sous peine de subir des coupures d’approvisionnement.
Pour la plupart d’entre elles, j’ai du mal à croire que cette hypothétique chasse au gaspi n’ait pas déjà été menée depuis plusieurs années. D’autant que le temps de l’insouciance du prix du kWh, s’il a jamais existé, semble déjà lointain. Récemment, un opérateur ferroviaire privé me confiait que sa facture d’électricité avait tout simplement doublé ces 12 derniers mois, mais que sa grande inquiétude concernait surtout l’incertitude sur ceux qui viennent. Et que dire des industriels de la verrerie qui programment d’ores et déjà de mettre leurs fours en veille cet hiver, et leurs employés en chômage partiel pour éviter de produire à pertes ? Doit-on donc s’attendre à une aggravation de la pénurie sur les emballages en verre dans quelques mois ? Et sur le carton ? En tout cas, si les entreprises françaises devaient subir des coupures d’électricité, espérons que les usines et les entrepôts automatisés ne soient pas en première ligne. C’est pourquoi, dans le dossier spécial intralogistique de ce numéro, nous avons considéré que le défi énergétique avait désormais toute sa place aux côtés des deux autres défis existentiels (technologique et RH) que les entrepôts vont avoir à relever dans les mois et les années qui viennent. Gageons que les directeurs Supply Chain, avec ou sans col roulé, sauront y consacrer l’énergie nécessaire.