A la SNCF une grève peut en cacher une autre
Le mouvement de grève qui perturbe le trafic des trains de voyageurs fait la une de tous les médias. Mais ce que l'on voit moins dans la presse, et que le grand public oublie parfois, c'est que certaines entreprises sont également durement touchées. Dès les premiers jours du conflit, Fret SNCF enregistrait un taux de grévistes comparable à la branche voyageurs : seuls 15% de ses trains de marchandises circulaient les 3 et 4 avril derniers. On aurait pu penser que les grands utilisateurs de fret ferroviaire se seraient alors tournés vers les opérateurs privés. Mais, manque de chance, les aiguilleurs de la SNCF étant également en grève, le trafic n'était plus régulé et toute alternative à l'opérateur historique s'est avérée illusoire. (cf. T3M dans la NL n°2691). Conséquence de cette situation, certains chargeurs regardent le fluvial, d'autres choisissent la route. Pour bon nombre de secteurs les pertes sont énormes. C'est le cas de la sidérurgie, des céréaliers, des produits pondéreux, de l'industrie chimique, du bâtiment, mais aussi des ports, dans l'attente des produits destinés à l'exportation. Difficile de dire aujourd'hui quand et comment se terminera ce bras de fer engagé entre le gouvernement et les cheminots. Mais ce qui est probable, c'est que Fret SNCF, déjà structurellement déficitaire et endetté à hauteur de 4 milliards 300 M€ sera la première victime de cette nouvelle épreuve. Ce sera un argument supplémentaire pour l'Etat pour remettre à l'ordre du jour sa filialisation. Un projet que les syndicats perçoivent, sans doute à juste titre, comme une première étape vers l'ouverture du capital. Mais aussi et surtout, comme la fin d'une époque. JPG