Le voyageur prime sur le conteneur
Pour les voyageurs franciliens, le retour à la normale semblait en bonne voie ce matin. En revanche pour les conteneurs, la guerre des nerfs se poursuit dans les terminaux portuaires, où les opérations devraient à nouveau être paralysées cette semaine suite à la mobilisation alternée d’une partie des effectifs de la société de remorqueurs Boluda et de la Fédération Nationale des Ports et Docks. Comme la semaine précédente, la grève des premiers empêche les bateaux d’accéder aux installations, tandis que la seconde a reconduit le principe d’une opération « port mort » de trois jours, de mercredi à vendredi. Un enchainement similaire avait amené les différentes organisations sectorielles à monter au créneau avant le weekend. Relayant ces inquiétudes, un des tout premier communiqués de France Logistique diffusé vendredi matin en appelait à « l’intervention des pouvoirs publics » pour sortir du blocage, par la voix de sa toute récente présidente, Anne-Marie Idrac. À l’occasion de sa prise de fonction officielle, quelques jours plus tôt, celle-ci avait pourtant exprimé sa volonté de porter les enjeux de la filière et de sa compétitivité internationale sur « un mode offensif plutôt que défensif », mais la situation dramatique des maillons portuaire et ferroviaire de la chaine aura eu raison de cette bonne résolution. Pour sortir de l’impasse, un début de dialogue semble toutefois s’amorcer : selon nos informations, la présidente de France Logistique ainsi que les représentants de la plupart des organisations sectorielles ont décroché un rendez-vous à l’échelon ministériel ce mardi matin. En l’occurrence avec le Secrétaire d’État chargé des Transports, Jean-Baptiste Djebarri, et la Secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher. Sans présager du plan d’action qui sortira éventuellement de cette rencontre, difficile d’imaginer que les empilements de conteneurs vont pouvoir se résorber rapidement. Chez les organisateurs de transport et leurs clients chargeurs, l’enjeu reste plus que jamais de savoir où se trouvent les « boites », immobilisées sur un terminal ou re-routées vers une autre porte d’entrée en Europe. Et à ce volet opérationnel s’ajoute évidemment la question de l’impact économique de ces grèves sur l’ensemble des acteurs de la filière, la facture se chiffrant d’ores et déjà en dizaine de millions d’euros. Alors que l’année 2020 commence tout juste, d’aucuns s’interrogent même déjà sur l’impact de ces dernières semaines sur le rang de la France dans le classement de la Banque Mondiale en matière de performance logistique. Plutôt que de gagner des places pour intégrer le Top 10, gare à ne pas en perdre quelques-unes.
Maxime Rabiller