L’impact de la crise sanitaire impactant différemment transporteurs et logisticiens, avec des acteurs en sous-effectifs et d’autres subissant une forte baisse d’activité, une plateforme de prêt de main d’œuvre a été lancée par l’AFT, l’organisme de développement de la formation professionnelle Transport et Logistique. Gratuite et accessible via un site web baptisé Transport Solidaire, celle-ci permet aux transporteurs et logisticiens de mettre à la disposition de leurs confrères des salariés qualifiés et volontaires via la procédure de partage de personnel à but non-lucratif et durée déterminée autorisée par le Code du travail. Les salariés concernés sont répartis dans quatre grands domaines d’activité distincts (conduite, opérateur logistique, exploitation transport/logistique et maintenance) et la plateforme permet à la fois de s’informer sur la législation sur le prêt de main d’œuvre et de télécharger un modèle d’avenant de contrat de salarié ainsi qu’un modèle de convention quadripartite (établissement prêteur, institution représentative du personnel, salarié et établissement utilisateur). Rappelons que le Pôle d’Intelligence Logistique (Pil’es) qui anime la communauté des professionnels de la logistique en Nord-Isère, a récemment pris une initiative du même genre (voir NL 3102). AD
Avec la crise sanitaire, l’enseigne spécialisée King Jouet a été contrainte de fermer temporairement ses 230 magasins (220 en France, 9 en Suisse et 1 en Belgique). Mais elle continue à assurer son activité e-commerce en s’appuyant sur son entrepôt de Rives en Isère (24 000 m²). Le site, qui est exploité à ce jour par 16 salariés en CDI (contre 70 salariés et intérimaires en temps normal), ne traite actuellement que les seuls flux de commandes web portant sur des références standards livrables à domicile, l’enseigne ne pouvant plus proposer des livraisons en mode click & collect (via son partenaire DPD) ni donner accès aux produits volumineux livrés à domicile de type cabane de jardin (via son partenaire DB Schenker). « Les flux de commandes que nous traitons aujourd’hui sur le site sont donc uniquement pris en charge par nos partenaires Colissimo et Chronopost », souligne Abdelatif Karali, le directeur supply chain de King Jouet. Avec Colissimo, le distributeur anticipe un rallongement des délais de livraison à compter de la semaine prochaine : son rythme hebdomadaire de ramasse colis à Rives va passer de 4 à 3 jours. Les colis pris en charge ne seront pas moins nombreux pour autant, les ventes web du distributeur ayant bondi de 200 % depuis le début de la crise et la fermeture temporaire des magasins King Jouet. Les salariés présents sur son site logistique assurent aujourd’hui les préparations de commandes au détail de l’enseigne en s’appuyant sur le système de convoyeur modulaire Plug-and-Carry de Boa Concept déployé à la mi-2019 (voir NL 2900), effectuant aussi des opérations de réassortiment et quelques rares réceptions de produits phares en provenance d’Asie. « Avec la crise, nous avons stoppé la plupart de nos réapprovisionnements auprès de nos fournisseurs car ceux-ci produisent de 90 % à 95 % de leurs produits en Chine », souligne Abdelatif Karali. Avec la crise, l’enseigne a en outre décidé de reporter à l’an prochain la mise en place du process de livraison ship-from-store qu’elle comptait déployer courant 2020. Mais d’autres projets majeurs seront menés à terme d’ici la fin de l’année. Il est ainsi prévu que son entrepôt soit doté d’une nouvelle infrastructure wifi, exploite de nouveaux terminaux de lecture et migre son WMS Reflex de chez Hardis de sa version AS/400 à sa version Web. L’enseigne pourrait par ailleurs refaire du e-commerce via des marketplaces, comme elle le faisait jusqu’à la fin 2019 avec Amazon, Cdiscount et la Fnac, ces partenariats ayant été stoppés pour conserver des volumes sur Rives. Côté réapprovisionnement, lorsque viendra la sortie de crise, aucune inquiétude est à l’ordre du jour chez King Jouet. « L’activité a commencé à reprendre en Chine », conclut Abdelatif Karali.AD
L’entrepôt King Jouet de Rives traite des commandes web qui ont bondi de 200 % depuis la fermeture temporaire de ses 200 magasins (220 en France, 9 en Suisse et 1 en Belgique).
Fort d’un portefeuille clients évoluant dans des secteurs très variés (industrie, retail, e-commerce), le 3PL Log’s peut se targuer de ne compter à ce jour qu’un seul de ses 40 sites français totalement à l’arrêt dans ce contexte de crise du Covid-19. Il s’agit d’un site exploité pour le compte d’un client du secteur automobile. Les autres, qui incluent aussi ceux issus de l’acquisition de Viapost Logistique Connectée (voir NL 3029), fonctionnent avec des modes opératoires et organisationnels revus via un plan de continuité d’activité afin de protéger la santé des collaborateurs du groupe et de s’adapter à l’évolution de l’activité de ses clients. Environ 800 salariés Log’S travaillent aujourd’hui sur les 39 sites opérationnels du 3PL, contre 2 000 en temps normal, hors pics d’activité. Mais 5 à 8 de ces 39 sites sont à l’arrêt pendant au moins une journée par semaine. « L’activité de nos clients des secteurs de l’automobile et du retail non alimentaire a chuté d’au moins 10 % alors que celle de nos clients de l’agroalimentaire et du e-commerce a enregistré des croissances de 10 % à 25 % », explique Franck Grimonprez, le président de Log’s. Depuis le déclenchement de la crise, le logisticien a aussi traité plus de commandes web issues de certaines enseignes non autorisées à ouvrir leurs magasins physiques, notamment celles commercialisant des meubles de jardins. La sécurisation maximale des collaborateurs entrepôts a été la priorité numéro un. « En plus de fournir des gants et des masques à nos salariés, nous avons espacé les postes de travail pour créer de la distanciation sociale et nous avons fermé les salles de pause pour éviter des regroupements » précise Franck Grimonprez, Le groupe a par ailleurs déjà constitué une équipe de sortie de crise, destinée notamment à assurer ses capacités financières à investir et à accompagner ses clients lorsque ceux-ci lui feront part de leurs besoins de réorganisation. Log’s entend toujours ouvrir courant septembre la première tranche de 36 000 m² de son futur site de 136 000 m² de Wattrelos dans les Hauts de France, où il disposera d’un autre site multi-clients de 100 000 m² situé, lui, sur la commune de Denain (voir NL 2990). « Tous nos clients ou presque devraient revoir le fonctionnement de leur chaîne logistique au lendemain de cette crise, anticipe le président de Log’s. Elle a mis en exergue certaines problématiques comme le sourcing et certains nouveaux paramètres comme le fait que les consommateurs sont finalement prêts à être livrés avec un peu plus de délais. » Le responsable n’est en outre pas inquiet quant à la capacité de ses sites à absorber la reprise d’activité : « Nous ne craignons pas le surstock car nous avons encore de la capacité, d’autant que nous ouvrons de nouveaux entrepôts ». AD
Crise sanitaire, confinement, les entreprises chinoises ont été confrontées ces derniers mois aux mêmes problèmatiques que leurs homologues européennes aujourd’hui pour tenter de limiter au maximum l’impact sur leurs supply chains. «Toutes les variables qu’utilisent quotidiennement les planificateurs de la supply chain deviennent incertaines et discutables. Mais les entreprises peuvent limiter les impacts liés à la crise en simulant et en planifiant « en temps réel » la supply chain. L’objectif est de se concentrer sur les capacités restantes pour produire efficacement tout en maîtrisant les coûts », déclare dans un communiqué Bo Zhou, le président et co-fondateur de l’éditeur FuturMaster (basé en France, au Royaume-Uni, à Singapour, et en Chine). Il cite en exemple l’un de ses clients, une « multinationale des PGC opérant en Chine » qui a réussi très tôt à prioriser ses activités de production en tenant compte non seulement du stock disponible dans chaque entrepôt, des prévisions de la demande (qui évolue de façon exceptionnelle en volume et en répartition géographique) et des capacités de chaque usine et de chaque entrepôt sur le territoire, mais aussi de la disponibilité de la main-d’œuvre et de la fermeture éventuelle des routes dans les zones susceptibles d’être touchées. Cela suppose notamment pour les équipes supply chain d’adopter une approche collaborative avec une collecte systématique auprès des managers locaux d’informations sur les salariés pouvant être mobilisés sur chaque site. Selon Bo Zhou, l’utilisation de la solution de planification FuturMaster a permis à son client de mettre à jour régulièrement le réseau de distribution en aval, et de déterminer concrètement quelle ville serait approvisionnée par quelle usine en choisissant « en temps réel » parmi les différents scenarii de simulation modélisés grâce à l’outil. Prêchant bien évidemment pour sa paroisse, Bo Zhou conclut : « Les entreprises peuvent mieux réagir et mieux anticiper la sortie de crise sanitaire en utilisant des technologies de planification de la supply chain basées sur des moteurs d’optimisation performants, qui permettent de hiérarchiser les options possibles chaque fois qu'il y a un choix à faire et à parvenir à une meilleure prise de décision». JLR
Bo Zhou, le président et co-fondateur de l’éditeur FuturMaster
Dans un élan de solidarité avec les transporteurs, la société bordelaise Acelt a décidé, le temps que durerait le confinement, d’offrir gratuitement le service de formation en ligne qu’elle a lancé l’année dernière à destination des commissionnaires de transport, des organisateurs de transport, et des services d'achat transport des chargeurs (voir NL 2857). Les équipes transport confinées pourront ainsi avoir accès à ce module d’e-learning qui aborde une dizaine de thématiques de manière assez ludique (vidéos animées, serious game, quizz, résumés avec des liens utiles). Pour en bénéficier, il suffit de contacter l’entreprise en lui envoyant l'email, le nom et le prénom des participants. JLR
La supply chain des médicaments vendus sur le marché américain est très dépendante de la Chine et de l'Inde. Selon les statistiques du ministère du commerce, datant de 2018, 95% des importations d'ibuprofène proviennent de Chine. Il en est de même pour 91% des importations d'hydrocortisone, 70% du paracétamol, 45% de la pénicilline, 40 à 45% de l'anticoagulant héparine. De même 80% des antibiotiques vendus sur le sol américain sont fabriqués en Chine. Au final, 80% des ingrédients utilisés dans la fabrication de médicaments sont sourcés en Chine et en Inde et 90% des génériques viennent de même de ces deux pays. Le basculement de la production vers l'Asie s'est fait dans les années 1990. Au temps du coronavirus, cette dépendance vis-à-vis de l'Asie inquiète. Les stocks moyens de l'industrie sont de 180 jours, il n'y aura donc pas de pénurie à court terme. CCT