Newsletter quotidienne n° 3239

Comme nous vous l’indiquions lundi (voir NL 3238), nous avons hier réservé la primeur de l’annonce des qualifiés en finale des Rois de la Supply Chain 2021 aux équipes candidates. Voici donc venu le moment de vous révéler la liste des huit projets sélectionnés vendredi par notre jury de directeurs Supply Chain parmi l'ensemble des 19 dossiers en lice pour cette 15ème édition des Rois. Comme à l’accoutumée, et malgré le mode distanciel, les discussions sur chacun des dossiers ont été vivantes et passionnantes. Rappelons que l’équipe de Supply Chain Magazine, qui anime et assiste aux discussions, ne participe pas aux votes.  La sélection effectuée par le jury des Rois de la Supply Chain 2021 fait bien entendu la part belle aux projets stratégiques et innovants, mais aussi à ceux qui intègrent en plus une dimension RSE et un volet collaboratif prononcé. Quant aux dossiers qui ont été écartés, et qui n’ont pas démérité pour autant, voici pêle-mêle quelques objections entendues parmi les jurés lors de cette session en ligne : « Je ne vois pas l’impact sur le business global, où est la création de valeur ? », « c’est un projet plus tactique que stratégique », « le périmètre est un peu restreint », « ce n’est pas très supply chain », « c’est un peu en vrac, ce n’est pas très clair ». A noter également que de très bons dossiers ont sans doute aussi été victimes de la concurrence, notamment dans le domaine de l’intralogistique et de l’automatisation. JLR

Voici la liste des huit finalistes, présentés par ordre alphabétique.

Agence du Don en Nature / Pôle Euralogistic
L'Agence du Don en Nature, qui redistribue des produits neufs non alimentaires via un millier d’associations partenaires, a mis en place dans les Hauts-de-France, avec le pôle d’excellence Euralogistic, un Entrepôt École au service de la professionnalisation et de l’insertion sociale. La formule lui a permis d’internaliser sa propre logistique et d’en améliorer les performances.

Verbatim de jurés : « dimension humaniste, mais pas que », « beau challenge, très complet, tout à fait novateur », « on a vraiment besoin de ce genre d’initiatives pour former des gens à ces métiers-là dans les territoires ».

Casino O’Logistique / Etyo (& Co)
L’activité e-commerce alimentaire du groupe Casino s’appuie sur une solution de bout-en-bout, de la prise de commande à la livraison à domicile via véhicules propres, en passant par un nouvel entrepôt très automatisé (technologie Ocado). Cette réalisation d’envergure a été menée en 2 ans par une équipe projet organisée en mode start-up impliquant de nombreux partenaires, dont le cabinet Etyo.

Verbatim de jurés : « tout y est, gestion de projet compliquée, innovation, robotique, problématique de livraison, mesures sanitaires », « c’est un outil de gain de part de marché », « hyper stratégique ».

DHL Supply Chain / E-dentic
Après avoir renoncé à la RFID, le prestataire DHL Supply Chain s’est tourné vers E-dentic pour mettre en œuvre une solution de « geste connecté » basée sur la technologie de balises beacons, déployée sur un site comptant 800 emplacements de picking où opèrent 10 chariots préparateurs de commandes. Objectif : gagner en productivité tout en sécurisant en temps réel les actions des opérateurs.

Verbatim de jurés : « dossier technologique disruptif, avec un volet d’acceptabilité sociale », « c’est cœur de métier pour un 3PL », « cela fait bouger beaucoup de lignes », « partie RSE et lutte contre les TMS ».

Franprix / Relex Solutions
Avec le double objectif de tenir compte des spécificités et des assortiments de chaque magasin tout en centralisant et en optimisant la performance du processus d’approvisionnement, Franprix a opté pour la solution Relex Forecast & Replenishment. En parallèle l’enseigne s’est dotée d’une équipe de pilotage centralisée et a déployé en magasin de nouveaux processus opérationnels de gestion de stock.

Verbatim de jurés : « pas forcément transcendant en termes de process de gestion des réassorts, mais avec une notion de performance économique des articles », « projet mené efficacement ».

GTM Bâtiment / KS Services
Spécialiste de la rénovation de l’habitat en Ile-de-France, GTM Bâtiment a développé avec le prestataire KS Services une démarche de livraison des chantiers au juste nécessaire et en juste à temps. Au cœur de ce dispositif de logistique déportée, un entrepôt regroupe les livraisons fournisseurs et prépare les kits sur mesure réalisés à partir des commandes envoyées par les bailleurs.

Verbatim de jurés : « extrêmement novateur, pas sur le plan technologique mais culturel », « dans cette filière du bâtiment, ce n’est pas courant de mettre en place une logistique industrialisée ».

La Boule Obut / Boa Concept
N°1 mondial de la boule de pétanque, La Boule Obut a automatisé la logistique sur son site historique, dans la Loire. Alimenté par un robot collaboratif, un système mini-load conçu sur mesure par Boa Concept et mis en route début 2020 a permis PME familiale de raccourcir ses délais de livraison, de réduire les ports de charge pour ses opérateurs, tout en tirant le meilleur parti de l’espace disponible.

Verbatim de jurés : « projet sympathique et ambitieux, innovant, avec une PME du patrimoine », « l’adaptation du schéma d’ensemble à la personnalisation des produits », « délai de mise en œuvre intéressant ».

Leroy Merlin / Opalean, MagicPallet & PFM Solutions
Guidé par des considérations économiques et environnementales, Leroy Merlin a reconçu la logistique retour de ses palettes en se basant sur trois solutions digitales du marché : Opalean, MagicPallet et PFM. L’enseigne peut ainsi gérer son pool en temps réel via des échanges avec des entreprises tiers et de la relocalisation de palettes, tout en déchargeant ses transporteurs de cette tâche.

Verbatim de jurés : « le sujet des palettes, souvent un peu délaissé, est un vrai ‘pain point’ », « vraie volonté RSE », « un management de projet qui tire parti de 3 solutions plutôt novatrices».

Nestlé Waters / Chep & Combronde
Avec l’intention commune de décarboner sa logistique, Nestlé Waters, son prestataire Combronde et le loueur de palettes Chep ont conçu un modèle vertueux mutualisé centré sur la plate-forme de Combronde à Montreuil-Bellay (49). Deux boucles logistiques s’y croisent, l’une ferroviaire l’autre routière, afin d’utiliser les flux retours amont et aval pour transporter les palettes vides.

Verbatim de jurés : « mutualisation de la logistique sur des aspects amont, production, et aval, avec du multimodal », « coopération tripartie avec enjeu stratégique », « bonne analyse de la valeur ».

Retenu par le ministère de la transition écologique dans le cadre de l’appel  à programme Certificats d'économies d'énergie (CEE) de 2019, ColisActiv’ prévoit de verser une prime dégressive par livraison sur le dernier km de colis effectué à pied ou en cyclologistique afin de garantir leur compétitivité par rapport aux prestations classiques via des véhicules thermiques. Après étude préalable basée sur différents critères (feuille de route qualité de l’air, engagement politique, système vélo en place, taille et densité, etc.), trois territoires ont été choisis pour la phase pilote : la Communauté urbaine Grand Reims, la Communauté urbaine Angers Loire métropole, et en Ile-de-France l’Etablissement public territorial Paris Est Marne et Bois (1). Dans ces zones, les opérateurs de livraison du dernier kilomètre à pied ou à vélo intéressés sont actuellement invités à candidater auprès de ColisActiv’ en mentionnant le nombre de colis (hors denrées alimentaires) qu’ils projettent de livrer sur une année pleine (au moins 50 000 colis par territoire pour être éligible). Le programme ColisActiv’ est porté par Sofub, une filiale commune de Sonergia, spécialiste en économie d’énergie, et de la FUB, association en mobilité active. D’un point de vue technologique, il s’appuie sur un algorithme d’analyse des données de livraison pour vérifier le nombre de colis livrés et le mode de livraison utilisé, et sur une éco blockchain pour garantir l’origine des données. Sous réserve de financement, tous les territoires français pourront bénéficier du dispositif à partir de septembre 2021. JLR

(1) Intercommunalité qui regroupe Bry-sur-Marne, Champigny-sur-Marne, Charenton-le-Pont, Fontenay-sous-Bois, Joinville-le-Pont, Le Perreux-sur-Marne, Maisons-Alfort, Nogent-sur-Marne, Saint-Mandé, Saint-Maur-des-Fossés, Saint Maurice, Villiers-sur-Marne, et Vincennes).

La société de livraison rapide francilienne Top Chrono met la main sur CBMove-it, spécialiste du transport urgent dans la santé (prélèvements sanguins, biopsies, etc) pour le compte de laboratoires et d’hôpitaux, ainsi que dans la livraison de médicaments pour des services d’hospitalisation à domicile, deux activités caractérisées par des barrières à l’entrée : attestations ADR 6.2, disponibilité 24h/24 et 7j/7, véhicules sous température dirigée, systèmes accrédités de traçabilité et de contrôle en temps réel des températures… Avec 150 salariés en Ile-de-France et en région lyonnaise, CBMove-it réalise une croissance à deux chiffres tous les ans depuis sa création il y a dix ans. Son CA s’est élevé à près de 12 M€ pour le dernier exercice clos en juin 2020. Fondateur et actuel dirigeant de CBMove-it avec Thierry Legaud, qui quitte l’entreprise, Sandrino Testa entre au capital de Top Chrono, dont il devient directeur général adjoint en charge du développement commercial et directeur du pôle santé. Dans le même temps, Top Chrono rachète Allo Express, un spécialiste marseillais de l’affrètement express et sur-mesure de colis et documents, en France et à l’international (2 M€ de CA en 2019). Les marques CBMove-it et Allo Express sont conservées. Top Chrono se renforce ainsi dans le BtoB, qui était minoritaire dans ses 43 M€ de CA en 2019 (+20%), apportés d’abord par ses contrats avec Amazon, Fnac, Carrefour, ou Evian. « Nous travaillons actuellement avec Siparex sur d’autres projets d’acquisition visant à renforcer nos positions dans les services BtoB et dans la livraison à domicile portée par le dynamisme du e-commerce », indique Bruno Neveu, président de Top Chrono. Ces deux acquisitions, financées majoritairement par un emprunt, font suite au rachat de Top Chrono en mai 2020 par Siparex et BPI France (51% à eux deux), avec Bruno Neveu (49%), mais sans ses deux autres associés, Stanislas de Berc et Edouard Jeulin, sortis du capital. VL

Implanté en Thaïlande depuis une vingtaine d’années, le groupe Pernod Ricard a remis en jeu début 2020 la gestion de sa logistique dans le pays, pour bénéficier d’une prestation offrant plus de valeur ajoutée. Ceva Logistics l’a emporté en proposant de dédier les 7 600 m² de son site jusque-là multi-clients de Bangna-Bankok au fabricant et distributeur de vins et spiritueux. Ceva opère ainsi sous un même toit le stockage des produits dédouanés et le volet sous douane, pour des préparations aussi bien à la palette qu’au carton ou à la bouteille puisque Ceva est aussi en charge des livraisons dans tout le pays, aussi bien vers les grossistes que vers des clients finaux. Le volume annuel porte sur quelque 19 millions de bouteilles de 26 marques du groupe. Ce nouveau contrat s’inscrit en fait dans une collaboration déjà établie entre les deux groupes en Asie du Sud-Est, Ceva opérant pour Pernod Ricard aux Philippines, et elle pourrait se prolonger dans d’autres pays. La prestation démarrée en Thaïlande illustre en effet le large spectre de savoir-faire de Ceva, puisque les services à valeur ajoutée mis en place vont du courtage en douane et la gestion des imports jusqu’à l’apposition des timbres fiscaux et des étiquettes de prévention, plus un volet coffrets cadeaux et réemballage. Le démarrage s’est fait sans accroc grâce à une méthodologie rodée par Ceva Logistics, baptisée Zero Defect Start-up. MR