C’est vert mais juste ?
Nous avons tous eu j’espère au moins une fois dans notre scolarité un professeur « sévère mais juste », capable d’imposer le respect et l’assentiment de toute la classe par un savant mélange de rigueur et d’impartialité. C’était celui qu’on écoutait attentivement, contrairement à d’autres… Or il n’y a rien de tel que le sentiment d’injustice pour casser la dynamique collective. C’est à mon sens ce qui risque d’arriver avec le projet de loi « Climat et résilience », dont l’étude à l’Assemblée Nationale commencera dès le 8 mars. D’ores-et-déjà, les organisations professionnelles du transport et de la logistique dénoncent l’iniquité et la dangerosité économique de ce texte issu des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, notamment en ce qui concerne la suppression progressive du mécanisme fiscal sur la taxation du gazole pour les professionnels et la possibilité pour les régions de créer une écotaxe routière. Selon elles, ces hausses de la fiscalité destinées à favoriser le report modal sont contre-productives et fragiliseraient le pavillon français du TRM au moment où il a justement besoin d’investir massivement dans de nouvelles technologies plus respectueuses de l’environnement. Le risque serait non seulement de rater le tournant de la transition énergétique mais aussi de remettre en cause à terme notre souveraineté en matière de transport et logistique. Cet argument a de quoi faire réfléchir. Bien sûr qu’il y a urgence pour prendre des mesures contre le réchauffement planétaire, mais encore faut-il, pour qu’elles soient efficaces, qu’elles ne visent pas le seul maillon visible de la chaîne, pointé du doigt comme l’unique pollueur…
Jean-Luc Rognon