La reprise du trafic sur le Canal de Suez ne règle pas tout
Le pire n’est jamais certain : alors qu’on pouvait craindre plusieurs semaines de blocage du Canal de Suez suite à l'échouement du mega porte-conteneurs MS Ever Given (voir NL 3315), les choses sont finalement entrées dans l’ordre hier après-midi, après le dragage de 30 000 mètres cubes de sable et le recours à 13 remorqueurs. Le navire est désormais à l’inspection sur une zone hors du canal et le trafic peut reprendre. Mais cela prendra tout de même jusqu’à la fin de la semaine pour faire passer la totalité des quelque 425 navires qui attendent sagement leur tour de part et d’autre de ce canal de 193,3 km. Quels seront les recours possibles pour les chargeurs en matière d’assurance ? Selon DBRS Morningstar, ils risquent d’être relativement limités, hormis en ce qui concerne les biens périssables. « Habituellement, les polices d’assurance ne couvrent pas les coûts de retard, qui requièrent une protection supplémentaire avec des primes distinctes. Cela a été le cas pour la plupart des retards de transport maritime depuis le début de la pandémie » estime l’agence de notation financière dans sa dernière étude sur le sujet. Elle précise d’ailleurs que les assurances fret couvrant les retards présentent fréquemment des franchises d’au moins sept jours… Du côté des assureurs, cet évènement relance le débat sur les risques liés aux méga navires, dont la capacité maximale est passée de 1 500 EVP en 1970 à plus de 24 000 EVP aujourd’hui, avec quatre fois moins d’équipage et seulement deux fois plus de lances à incendie. « Ces navires génèrent des économies d'échelle pour les armateurs, mais aussi un coût disproportionné lorsque les choses tournent mal. La gestion des incidents impliquant de grands navires, tels que les incendies, les échouements et les collisions, devient plus complexe et plus coûteuse » fait remarquer Rahul Khanna, directeur mondial du conseil en matière de risques maritimes chez Allianz Global Corporate & Specialty. JLR