Et le fret, il faut en penser COI ?
Vendredi après-midi, c’était l’annonce du plan de développement et de modernisation des transports par notre Première ministre Elisabeth Borne, à l’occasion de la remise officielle du rapport du COI (Conseil d'orientation des infrastructures), composé d’élus et d’experts. C’est la proposition n°2 dite de « planification écologique » qui a inspiré le gouvernement, fixant parmi les deux grandes orientations des 10 ans à venir la décarbonation et le « développement des transports du quotidien pour résorber les fractures territoriales et améliorer la vie de nos concitoyens ». Ce que tout le monde retiendra, c’est l’annonce sur les RER métropolitains et sur la « nouvelle donne ferroviaire » qui doit bénéficier d’un méga investissement de l’ordre de 100 Mds€ d’ici 2040. Où trouvera-t-on cet argent, puisque l’Etat ne s’engagerait que sur un tiers de la somme ? Des négociations vont débuter avec les régions et collectivités locales. Il est également prévu de « mettre à contribution les secteurs les plus émetteurs de GES comme l’aérien et ceux qui dégagent des profits importants, comme les sociétés d’autoroute ». Mais ce qui me frappe le plus, c’est le peu de place accordée au transport de fret dans le discours de Mme Borne : juste une phrase à la fin pour dire qu’on ne l’oublie pas, qu’il représente une part importante des émissions du secteur, que des choses seront faites pour moderniser le ferroviaire, regénerer le réseau fluvial, moderniser les grands ports et faciliter l’intermodalité. Certes le fret ferroviaire et la logistique ont déjà fait l’objet d’une stratégie nationale ces 18 derniers mois, et il est vrai que les marchandises ne votent pas ni ne manifestent contre la réforme des retraites, mais c’est un peu court, non ? D’autant qu’on ne peut pas soupçonner notre Première ministre de méconnaître le sujet, notamment sur Fret SNCF, dont la transformation a été menée sous son égide entre 2018 et 2020, quand elle était ministre des Transports. A moins que cette discrétion soit une forme de devoir de réserve, puisque la Commission européenne a ouvert le 18 janvier dernier une enquête sur les avances de trésorerie et l’annulation de dette effectuées par la SNCF au profit de Fret SNCF jusqu’en 2020, sur fond de transformation de cette dernière en société commerciale. Jean-Luc Rognon