C’est une question quasi existentielle. Les grandes promesses et déclarations du monde politico-économique de tout tenter pour accélérer nos efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont-elles in fine compatibles avec la loi du marché et les fondements du système capitaliste ? Au vu de la solution décidée par le Ministère des Transports et la Commission de Bruxelles sur le dossier Fret SNCF, je serais tenté de répondre par la négative… Pour éviter à la filiale de la SNCF la faillite liée au remboursement de 5,3 Mds€ de dettes, l’idée est de la liquider purement et simplement le 31 décembre 2024… Pour la faire immédiatement renaître de ses cendres via deux nouvelles entités, New Fret et New Maintenance, en cédant au privé les activités les plus rentables (les trains dédiés, soit 20% du CA). D’un point de vue social et économique, ce « scénario de discontinuité » se justifie sans doute face au danger de mettre sur le carreau les 4 800 salariés de Fret SNCF, mais sur le plan environnemental, l’Etat sape ses leviers d’action en faveur du développement du fret ferroviaire en affaiblissant le principal opérateur français (750 M€ de CA), qui enregistrait des marges positives depuis deux ans. Savez-vous ce qui est dommage ? C’est que ce genre de grosse ficelle du scénario de discontinuité ne pourra pas fonctionner pour échapper aux sanctions du réchauffement climatique. Pas moyen de liquider la Terre pour créer New Earth et New Maintenance… Mars, et ça repart ? Jean-Luc Rognon