Newsletter quotidienne n° 4081

Quelles sont les bonnes pratiques, individuelles ou collectives, et les exemples concrets pour aborder avec efficacité des chantiers tels que la décarbonation, la conformité réglementaire, la gestion des risques et l’économie circulaire, pour lesquels a priori les responsables Supply Chain n’ont pas reçu de formation ? C’était le thème de la conférence inspirationnelle intitulée « Supply Chain durable, responsable et décarbonée : place à l’action ! » sur Supply Chain Event la semaine dernière, avec Yann de Feraudy, président de France Supply Chain et Fabrice Bonneau, associé fondateur d’Argon & Co. « Chez Argon, toutes les missions sur la stratégie globale de distribution de nos clients prennent désormais en compte l’impact carbone » constate ce dernier, en soulignant qu’avec la décarbonation, le triptyque coûts stocks services s’est maintenant transformé en carré. Au-delà de l’aspect transport et logistique (où il convient de privilégier les solutions de mutualisation), les directions SC se retrouvent aussi en situation de challenger les équipes marketing et produits sur les largeurs d’offres et les quantités à lancer en production. « Dans ces cas-là, il faut que le SC Manager puisse arriver avec des solutions, notamment en matière d’agilité (ndlr : de fabrication locale dédiée au réassort rapide par exemple) » insiste Yann de Feraudy. En matière d’économie circulaire, l’un des goulets d’étranglement réside dans la collecte, c’est pourquoi il peut être utile de se rapprocher du commercial pour l’organiser efficacement (retour et tri en magasin par exemple). La SC va jouer un rôle déterminant dans la réflexion autour de nouveaux business models circulaires, qui bute souvent sur la difficulté d’estimation et de maîtrise des coûts opérationnels réels, selon Fabrice Bonneau. Pour avancer sur ce sujet, rien de tel que l’échange avec ses pairs (notamment ceux du secteur aéronautique qui maîtrisent les arcanes du MRO et de la réparation), que ce soit au sein d’ateliers organisés par France Supply Chain ou dans le cadre de chaires SC comme celle de l’Ecole des Ponts (Michelin, Renault, Decathlon et Louis Vuitton). (voir suite) JLR

Le sujet de la conformité, et notamment sur le volet de la réglementation européenne CSRD, a fait l’objet d’un chapitre lors de la conférence inspirationnelle « Supply Chain durable, responsable et décarbonée : place à l’action ! » sur Supply Chain Event le 13 novembre (voir Une). Ce reporting extra financier et ses 1.160 data points peut faire peur aux entreprises concernées. « Le risque, c’est de considérer que cela n’est que de la conformité et de laisser le sujet aux mains de la direction de la conformité. Or ceux qui savent sont ceux qui font et cela doit constituer un levier de changement qui puisse tous nous conduire à être plus bas carbone en 2050 » lance Yann de Feraudy, le président de France Supply Chain. Pour Fabrice Bonneau, associé fondateur d’Argon & Co, le double rôle de la SC est de se situer au cœur de la mesure, notamment avec les sujets de tracking et de tracing en forte accélération, mais aussi de pouvoir mettre en œuvre le plan de progression (source de budget et de moyens pour la SC). Dans quelques années, se profile par ailleurs du nouvelle réglementation européenne, la CSRD, autour de la gestion et de l’anticipation des risques. « C’est un gros changement depuis le Covid, les missions de gestion de risques en SC ont fait leur apparition, à la demande des direction générales » constate Fabrice Bonneau en notant d’ailleurs l’effort récent des grandes entreprises pour mieux connaitre leurs fournisseurs de rang 3 ou 4. L’augmentation de la fréquence des crises majeures et souvent imprévisibles incite à une industrialisation de la gestion de crise, de fait plus curative que préventive. « Ne pas oublier que le risque zéro n’existe pas et que c’est en prenant des risques que l’on gagne de l’argent et que l’on a des résultats. Il faut donc accepter une part de risque et d’imprévu et travailler son agilité et sa réactivité » rebondit Yann de Feraudy, en notant qu’une source d’inspiration pourrait venir des militaires, rôdés à l’exercice d’élaboration de scénarios et de simulations pour réagir en cas de crise. Et sur ce domaine là encore, les échanges au sein des Labs de France Supply Chain et de la chaire SC des Ponts (le risque en SC fait partie des premiers sujets choisis) sont évidemment fort utiles aux praticiens. JLR

Pour mieux faire face aux incessantes perturbations des flux internationaux, Shippeo et Winddle annoncent une association qui mise sur l’intégration de leurs plateformes respectives, la première axée sur la visibilité dans l’exécution des opérations de transport, la seconde sur une gestion plus collaborative de la chaine d’approvisionnement et des relations fournisseurs. Quelles que soient les équipes utilisant leurs solutions –transport, planification, appros, achats, finances– il y a un enjeu à leur répercuter plus efficacement toute information sur une perturbation en cours ou à venir, avec une vision sur l’intégralité du cycle de ces flux, de la production à la livraison à l’arrivée. Le tout pour gagner en réactivité dans les décisions, qu’il s’agisse de procéder à une nouvelle réservation côté transport, de s’éviter des coûts d’expédition en express, d’ajuster la gestion de ses stocks ou de prévenir des ruptures, en conciliant l’optimisation des coûts et le maintien du service aux clients. Cette résilience butte encore trop sur le cloisonnement des opérations, des équipes et des outils, relèvent Shippeo et Winddle, dont l’association s’inscrit dans le travail mené en commun en réponse à un appel d’offres encore en cours. « Ce partenariat avec Shippeo nous permet d'offrir à nos clients une visibilité et un contrôle inégalés sur leurs supply chains, dans le droit fil de notre mission d'améliorer l'efficacité de la production et de la gestion de l'approvisionnement en apportant aux équipes logistiques les outils dont elles ont besoin pour répondre de manière proactive aux perturbations », fait valoir Emilia Jevakhoff, la Pdg de Winddle. « Ensemble, nous redéfinissons la visibilité SC en combinant nos forces pour fournir un suivi détaillé des expéditions au niveau SKU, et des informations prédictives tout au long du processus, du fournisseur à l'entrepôt et au client final », commente de son côté Anand Medepalli, Chief Product Officer de Shippeo. MR

Le redressement de l’enseigne de prêt-à-porter La Halle par le Groupe Beaumanoir va se traduire sur le plan logistique : sa filiale C-Log annonce un projet de modernisation et d’extension de 20.000 m² de l’entrepôt proche de Châteauroux qui approvisionne ses magasins. Ouvert il y a trente ans à Montierchaume, le site était entré dans le giron de C-Log suite à l’acquisition à l’été 2020 par sa maison-mère de 350 des 820 magasins des réseaux La Halle Vêtements et La Halle Chaussure, sur fond de démantèlement du groupe Vivarte, liquidé l’année suivante (voir NL 3191). Avec ses 41.000 m², dont 10.000 en mezzanine, cet entrepôt devenait de facto le plus vaste de C-Log, et plus de 150 collaborateurs avaient été repris par le logisticien spécialisé mode et textile. Le plan stratégique sur trois de redressement de La Halle a porté ses fruits, notamment avec une offre magasins fusionnant les volets habillement et accessoires, un repositionnement des prix, et l’intégration dans le cadre opérationnel et SI du groupe. La rentabilité est de retour, et l’extension du parc de magasins est à nouveau d’actualité (plusieurs dizaines se profilent sur les années à venir). À ce jour, l’entrepôt de Montierchaume gère l’ensemble des 100.000 références distribuées par La Halle, avec 6 millions de pièces en stock, et traite en expédition environ 40 M d’articles par an. Et il emploie 170 collaborateurs, dont 30 recrutés depuis sa reprise en juillet 2020. Avec son extension et sa modernisation, C-Log vise à en doubler la capacité de traitement, avec un service encore plus efficace aux magasins. « La Halle a retrouvé le chemin de la croissance, sa place sur son marché et renoue avec les bénéfices. L’ambition portée par l’enseigne et le Groupe Beaumanoir incite à nous transformer et à nous adapter comme nous avons su le faire depuis la reprise. Nous allons continuer à accroître la disponibilité de nos produits pour l’ensemble nos clients tout en optimisant nos fonctionnements logistiques et en matière de RSE », indique Benoit Garçon, directeur général de C-Log. MR

Fidèle à sa formule de campus d’activités « engagés », la foncière française Aréfim dévoile un nouveau projet au cœur de la Seine-et-Marne baptisé Les Portes du Parc des Félins, vu la proximité du parc animalier de Lumigny. Trois bâtiments à exploiter sont prévus sur ce programme construit en étroite collaboration avec la communauté de communes du Val Briard, soit un de 86.000 m² avec une douzaine de cellules dos à dos et deux bâtiments indépendants de 12.600 m². « Ce nouveau développement s’inscrit dans la stratégie d’Aréfim de s’installer sur des axes stratégiques aux portes de l’Ile-de-France, en l’occurrence en bordure de la RD 1004 (ancienne N4) avec un accès direct à la Francilienne (30 km) », souligne Valéry Fenès, le président d’Aréfim. Ce projet se déploiera sur les 35 hectares de la Zac des Sources de l’Yerres récemment créée sur les communes de Rozay-en-Brie et Lumigny-Nesles-les-Ormeaux, sur des fonciers entourant le site d’une entreprise de vente location de matériel agricole. Le tout en respectant un cahier d’aménagement exigeant en termes d’architecture des bâtiments ou d’espaces verts, dont un volet portant sur l’obligation de performance énergétique et environnementale ou de gestion économe des consommations d’eau. On notera que du côté de la communauté de communes, la priorité semble plutôt donnée à des bâtiments à vocation industrielle. « Nous exploitons déjà un pôle de développement économique mis en œuvre depuis 20 ans avec une connotation logistique. Aujourd’hui, nous souhaitons évoluer vers un développement territorial plus en phase avec les changements environnementaux et sociétaux », indique son président, Marc Cuypers. Un bâtiment PME-PMI est ainsi prévu sur le campus, de même qu’un pôle services avec une crèche et des aménagements d’espaces sportifs et de détente, et un volet hôtelier en partenariat avec la Lumigny Safari Reserve. MR

Le groupe de prêt-à-porter féminin allemand Betty Barclay Group se fait construire un centre de distribution de 15.000 m² à Nussloch, dans le Bade-Wurtemberg, pour une mise en service courant 2026. Avec cette plateforme, l’entreprise centralisera son activité logistique aujourd’hui opérée sur plusieurs sites. Elle approvisionnera tant ses clients nationaux qu’internationaux, traitera aussi bien ses commandes B-to-B que B-to-C, et aura pour spécificité d’être dotée du système automatisé goods-to-person FlashPick de chez TGW. Au cœur de l’installation figurera un système à navettes comptant 120.000 emplacements de stockage et douze stations de préparation de commande PickCenter, les transferts entre les différentes zones devant s’effectuer via 3,4 km de convoyeurs KingDrive. Fort de ces équipements, Betty Barclay Group pourra traiter 10 millions d’articles par an. « Cette nouvelle installation constitue une étape importante pour l’avenir de notre groupe, souligne Manfred Plaar, directeur financier Betty Barclay Group. Elle doit nous permettre d’optimiser nos process et nos performances ». L’entreprise est présente dans une soixantaine de pays et chapeaute une dizaine de marques (Betty Barclay, Betty & Co, Gil Bret, Vera Mont et Cartoon, notamment). AD