Ne pas opposer le fer et la route
La réforme de la SNCF et le mouvement de grève qui en résulte, ne manquent pas d'alimenter les débats et les polémiques. Selon certains détracteurs, seul l'argument économique serait mis en avant. Et pas un mot sur la défense de l'environnement pour hisser le fret ferroviaire au rang de priorité nationale. La critique est d'autant plus sévère qu'il est en effet urgent de se préoccuper de l'intérêt de la planète. Ce qui est moins recevable, c'est lorsque l'on entend dire, souvent de façon péremptoire, par des personnalités connues sur les plateaux TV : « il suffit de mettre les marchandises sur les trains pour résoudre le problème des camions » ou encore « pour entretenir les infrastructures il faut faire payer les routiers ». Si les choses étaient si faciles, et si l'impact économique était le seul élément, cela se saurait. Dans la réalité, le transport de marchandises est infiniment plus complexe qu'il n'y parait. Pour transporter et charger les marchandises dans les trains, il faut bien des camions. Même chose pour décharger et acheminer les produits aux destinataires. De plus les distances moyennes parcourues par les marchandises sont relativement courtes (de l'ordre de 300 km) ce qui complexifie d'autant la problématique. Certes, des efforts importants doivent être accomplis pour entretenir le réseau ferré, ouvrir de nouveaux sillons. Certes il convient de permettre à de grands opérateurs ferroviaires ou de proximité de jouer pleinement leur rôle. Mais l'enjeu est surtout de mettre en cohérence les infrastructures de transport, tous modes confondus, dans une réflexion globale qui relève à la fois de l'aménagement du territoire et de la protection de l'environnement. Et de grâce que l'on arrête de nous dire que tout est simple et surtout d'opposer systématiquement le fer et la route. Si le métier de cheminot est pénible, celui de transporteur routier l'est sans doute tout autant. JPG