Parmi les pistes de réponse aux violentes émeutes du week-end dans la capitale, notre ministre de l'Intérieur a évoqué samedi le retour de l'état d'urgence. Loin de moi l'idée de lancer le débat sur l'efficacité d'une telle mesure, si elle était prise. Mais de quelle urgence s'agit-il ? Evidemment qu'il semble sensé de parer au plus pressé et de préserver l'ordre public, mais la question posée au pouvoir politique est surtout de trouver très vite comment répondre durablement à deux autres grandes urgences contradictoires. Il y a d'un côté l'appel de détresse des gilets jaunes face aux taxes supplémentaires sur le carburant fossile, et de l'autre le signal d'alarme de la planète, dont on s'est aperçu récemment qu'elle aurait déjà pris +1°C. Alors que la Cop24 vient de s'ouvrir en Pologne, comment la France pourrait-elle rester crédible dans sa position de leader dans la lutte contre le réchauffement climatique depuis les accords de Paris tout en lâchant du lest sur sa politique d'augmentation de la taxation des émissions de CO2 ? On voit bien que le président est coincé entre la micro-économie du bouclage des fins de mois et la macro-écologie du sauvetage de la planète.Et pourtant, il faudra bien qu'il trouve vite car les effets dévastateurs des barrages filtrants, tant sur l'activité de nombreux entrepôts que sur le commerce juste avant les fêtes de fin d'année, s'étendent déjà à la macro-économie. La semaine dernière, sa réponse avait été d'ouvrir le dialogue mais sans changer le cap de la transition écologique. Ce qui, en caricaturant, pouvait être interprété par les gilets jaunes comme : « si vous ne voulez plus payer trop cher votre carburant, achetez une voiture électrique ». Cela me fait un peu penser à la phrase de Marie-Antoinette : « qu'ils mangent de la brioche ! ». Espérons que la comparaison s'arrête là... Jean-Luc Rognon