Réjouissons-nous ! Quelque 800 000 collégiens, lycéens, apprentis, demandeurs d’emploi, parents et enseignants vont participer à la neuvième édition de la Semaine de l’Industrie qui s’ouvre aujourd’hui, sous la houlette du Ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Marie et de sa Secrétaire d’État Agnès Pannier-Runacher. 4 700 évènements sont organisés dans tout l’Hexagone (visites d’entreprises, conférences, ateliers, job dating, journées portes ouvertes dans les écoles…) afin de renforcer l’attractivité du secteur et de donner envie aux jeunes de se former aux métiers de l’industrie. Le gouvernement a bien conscience du problème : non seulement la part de l’industrie dans le PIB a chuté en 20 ans de 18 à 12,5%, mais en plus il existe aujourd’hui 50 000 postes non pourvus dans ce secteur de 3,1 M de salariés. Interviewé ce week-end par l’AFP, Philippe Darmayan, le président de l’UIMM (Union des Industries et métiers de la Métallurgie) et président d’ArcelorMittal France, estime que les cadres de l’industrie sont insuffisamment formés aux évolutions du numérique, et que qualitativement le manque se situe surtout au niveau des « conducteurs de lignes, et des spécialistes de la maintenance et de la supply chain ». Or, en parcourant le très beau dossier de presse du ministère de l’Economie sur la Semaine de l’Industrie, je me pose cette question : pourquoi les mots « supply chain management » ou bien « logistique » (étendue ou non) ne sont-ils jamais mentionnés, alors que « production » ou « maintenance » sont utilisés respectivement 7 et 6 fois ? Pas un mot là-dessus non plus dans l’avis du CESE (Conseil économique social et environnemental), intitulé « Industrie : un moteur de croissance et d’avenir », publié en mars 2018. Dans ce contexte actuel de révolution digitale, le supply chain management, en amont comme en aval, devrait pourtant figurer au coeur des enjeux de réindustrialisation et de compétitivité des entreprises, non ? Que serait la production sans adaptabilité par rapport à la demande, sans personnalisation des produits, sans agilité des processus, sans traçabilité ? Selon le ministre des finances Sully, il y a plus de trois siècles, labourage et pâturage étaient les deux mamelles de la France. Gageons que lors de leurs visites de sites industriels cette semaine, nos ministres actuels prennent eux aussi conscience que la production et le supply chain management sont un peu les deux mamelles de l’industrie…
Jean-Luc Rognon
Jean-Luc Rognon