C'est magique, il suffit d'évoquer le mot « voile » pour que notre esprit vagabonde au milieu des embruns, sur une mer houleuse battue par des vents salés. « Les étoiles, les voiles, que des choses pas commerciales » chante Alain Souchon. Nous voilà bien loin de la supply chain en cette période de vacances scolaires? Et bien détrompez-vous, l'énergie « vélique » pourrait constituer dans les années à venir une solution propre complémentaire, voire alternative au fuel dans le domaine du transport maritime de marchandises, à une période charnière où les normes vont devenir beaucoup plus sévères en matière d'émission de CO2 et de soufre notamment. C'est la conviction de l'International Windship Association (IWSA), qui a organisé à Londres il y a deux semaines une conférence sur ce sujet d'actualité. Qui aurait cru il y a encore quelques années que des gros projets de cargos à voile verraient le jour avec le soutien de grands groupes ? Très récemment, ArianeGroup a annoncé avoir opté pour le futur cargo à propulsion hybride "Canopée" (un navire de 121 mètres de long doté de quatre ailes rectangulaires de 30 mètres de hauteur) pour transporter entre l'Europe et la Guyane française des morceaux du futur lanceur Ariane 6. Quant à la start-up Neoline, qui a communiqué cet été sur le lancement imminent de la construction à Saint-Nazaire de ses deux premiers cargos voiliers de 136 mètres, elle a déjà reçu le soutien de « chargeurs » de référence tels que le Groupe Renault, le groupe Manitou et le Groupe Beneteau. La mise à l'eau est programmée pour la fin 2021. Quant à la société bretonne TOWT (Transoceanic Wind Transport), elle affirme être en négociations avancées avec des groupes du CAC 40, des groupes familiaux et coopératifs et des transitaires multinationaux pour embarquer sur son projet de voilier cargo écoresponsable. N'en déplaise à Alain Souchon, la voile va peut-être reprendre du service pour transporter des « choses commerciales », pour le plus grand bien de la planète !
Jean-Luc Rognon