« Les entreprises sont encore dans une phase de sidération face à cette crise systémique qui touche à la fois l’offre et la demande, dans tous les pays, tous les secteurs économiques. L’urgence cette semaine est d’apprendre à fonctionner dans un mode partiellement dégradé mais il faut aussi basculer sur les questions de la relance de l’activité dans un marché concurrentiel » souligne Laurent Giordani, associé fondateur de Kyu Associés. Ce cabinet de conseil spécialisé dans le management et les risques de la supply chain a publié le 9 mars une étude sur les impacts et actions de résilience face au Covid-19 dans six grands secteurs clés (Luxe, Automobile, Grande distribution, Industrie aéronautique, Industrie pharmaceutique, Électronique et Logistique de distribution). Suite aux évolutions de cette dernière semaine, le document vient d’être remis à jour. L’un des enseignements à retenir est que cette crise met en lumière bon nombre de faiblesses en termes de visibilité de la supply chain, de schéma industriel, de système de management opérationnel de la continuité d’activité qui doit être mieux coordonné de l’amont vers l’aval. « Améliorer sa visibilité sur sa supply chain est la meilleure chose à faire actuellement. Même si tout le monde est confiné et que certains activités sont à l’arrêt, ce n’est pas le moment de se replier sur soi-même, il faut au contraire développer ses connexions temps réel avec ses partenaires clés, avec une approche mieux coordonnée, sécuriser ses capacités logistiques et de production » indique Xavier Roussel, manager chez Kyu Associés. Le constat du cabinet, qui a réalisé en fin d’année dernière le premier baromètre des risques supply chain, c’est que même chez les entreprises qui avaient déjà établi un plan de continuité d’activité en interne (moins de 40% des cas), très peu l’ont aligné et coordonné avec ceux de leurs sous-traitants et clients. « Nous sommes en train d’inventer la synchronisation mais dans très peu de cas elle a été anticipée » note Laurent Giordani. Il cite en exemple le cas de Nissan, le plus impacté opérationnellement lors de la catastrophe de Fukushima en 2011, et qui avait pourtant su fortement limiter les dégâts au niveau de ses résultats annuels, en gagnant même des parts de marché. « Pourquoi ? Parce qu’il avait aligné son plan de continuité d’activité avec ceux de ses sous-traitants. La visibilité permet de s’organiser d’ores-et-déjà sur la meilleure manière de repartir, de se mettre en capacité de redémarrer rapidement». Mais attention, prévient-il, même dans les industries les mieux préparées comme l’automobile et l’aéronautique, les donneurs d’ordre devront tout faire pour éviter que leurs sous-traitants les plus fragiles ne disparaissent malgré les mesures d’aide gouvernementales. Nous reviendrons demain dans cette newsletter sur les conséquences supply chain de cette crise du Covid-19 dans d’autres secteurs abordés dans cette étude, tels que le luxe ou la grande distribution. JLR
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Crédit photo Kyu Associés