Un buzzword chasse l’autre. En 2019, autant dire au siècle dernier, impossible d’échapper à l’épithète « disruptif », qui faisait déjà florès depuis une quinzaine d’années dans le monde de l’économie pour désigner la capacité de certaines startups innovantes à provoquer une rupture dans les modèles économiques établis. Ce concept de disruption s’était ensuite étendu aux technologies promettant de révolutionner la supply chain, comme la robotisation, l’IA dans les prévisions, l’IoT, les plates-formes digitales de gestion du transport, le cloud, l’impression 3D, la blockchain, etc. Sauf qu’en 2020, les vraies ruptures n’ont été provoquées ni par la technologie, ni par les startups, mais par un coronavirus de quelques dixièmes de micron de diamètre. Au moment où la France tente d’endiguer la deuxième vague, certaines de ces ruptures nous sautent aux yeux, à commencer par le port systématique du masque, ou la normalisation du télétravail dans certains métiers. Côté supply chain, l’accélération soudaine des ventes en ligne, dont l’effet semble durable, bouleverse les schémas établis et pousse les enseignes de distribution à intensifier leur stratégie omnicanal. Pour l’heure, même s’il faudra bien continuer à imaginer un futur disruptif, notamment pour des raisons environnementales, la priorité des entreprises est focalisée sur la relance, quand ce n’est pas tout bonnement sur leur survie. Rien d’étonnant donc à ce que la résilience soit désormais le buzzword du moment, cette capacité « d’auto-cicatrisation » face à un évènement disruptif, mais au mauvais sens du terme !
Jean-Luc Rognon