Face aux ruptures, Accenture prône de passer du 'just-in-time' au 'just-in-case'
En 2021 sur fond de Covid-19, les ruptures de chaines d’approvisionnement ont coûté quelque 112,7 Md€ aux économies de la zone Euro, et les scénarios de retour à la normale pâtissent de la guerre en Ukraine, relève Accenture dans son étude « From Disruption to Reinvention – The future of supply chains in Europe », réalisée avec Oxford Economics. La reprise devait déjà composer avec des pénuries de matières premières, des interruptions de chaines d’approvisionnement ou la pression inflationniste, et la perspective d’un conflit long aggrave la situation. L’impact de ces ʻdisruptionsʼ pourrait atteindre jusqu’à 920 Md€ d’ici fin 2023 (318 cette année, 602 la suivante), soit l’équivalant de 7,7 % d’une année de PIB des pays de l’EuroZone, estime la plus pessimiste des projections. Attendue pour le 2ème semestre 2022, la perspective de retour à la normale se voit repoussée à 2023, voire 2024, selon l’évolution de la guerre, note Accenture, qui souligne le changement de paradigme Supply Chain à opérer : moins focalisé sur l’optimisation des coûts que sur la résilience et l’agilité afin de pallier les incertitudes croissantes. Sur le volet résilience, l’enjeu est de mieux anticiper les ruptures, avec un accent sur l’identification des risques et une visibilité dynamique, mais aussi de se donner les moyens de répondre aux changements soudains, via la planification de scénarios, l’analyse de risques ou d’opportunités. En pratique, cela suppose de la modélisation/simulation en réseaux, des stress tests, un redimensionnement stratégique des stocks de sécurité ou du multi-sourcing. En terme d’agilité, l’étude insiste sur l’adaptation rapide aux changements de la demande, avec un enjeu de collecte de données au sein de l’entreprise comme de son écosystème, notamment en temps réel, et en mobilisant l’IA ou l’automatisation de process. « Les entreprises doivent passer du « just-in-time » au « just-in-case » : elles doivent diversifier leurs fournisseurs, prévoir des itinéraires de fret alternatifs, rendre les centres de distribution plus flexibles et constituer des stocks. Cela a un prix, mais il s’agit d’une « police d’assurance » contre les chocs à venir. La solution est d’investir dans les nouvelles technologies pour mieux capitaliser sur les données – depuis les jumeaux numériques jusqu’à l’analytique, en passant par les tours de contrôle – sans oublier le continuum cloud, qui fournit une puissance de calcul colossale, tout en restant économique, flexible et durable », indique Kris Timmermans, responsable d’Accenture Supply Chain & Operations au niveau mondial. MR