Newsletter quotidienne n° 3871

C’est à la sortie de la période Covid que Thierry Coiffier, Business Line head of Supply Chain de Thales, décide de lancer un projet visant à améliorer le quotidien et la prise de décision des approvisionneurs de l’activité MIS (Microwave & Imaging Sub-Systems), confrontés à de nombreux aléas sur leurs flux fournisseurs et sur les stocks. « C’est une Supply Chain totalement intégrée et assez complexe, avec une bonne dizaine de niveaux de nomenclature, plus de 1 500 composants et pas mal d’aller-retours avec la sous-traitance» a-t-il souligné lors d’une conférence sur Supply Chain Event mardi dernier, intitulée « Sécuriser ses approvisionnements de composants dans un contexte incertain ». Comment sortir de ce mode pompier et homogénéiser les façons de faire, jusqu’alors basées très fortement sur de l’Excel ? Son expérience de quelques années au sein d’une startup explique peut-être en partie la décision de Thierry Coiffier de sortir des sentiers battus et du « mille-feuilles de décision » en se lançant dans un projet « agile » avec Flowlity. Ce dernier lui propose d’emblée de tester son outil par le biais d’un « planning clinique », en s’appuyant sur les 6 derniers mois de données de flux fournisseurs choisis pour leur hétérogénéité. Les résultats sont assez impressionnants : 75,4% de fiabilité sur le calcul des prévisions de consommation en comparaison avec les ventes réelles, -27,6% de ruptures de stock en simulant les niveaux de stock avec les algorithmes de recommandation de Flowlity et une réduction de 11% des stocks comparés aux donnes d’historique. « Ils ont réussi à me convaincre en partant de la donnée » a résumé Thierry Coiffier. Un peu plus de six mois plus tard, le projet est actuellement dans la phase d’UAT (User Acceptance Test) sur le site Thales de Vélizy (une dizaine d’approvisionneurs), avec un Go Live prévu pour le 4 décembre prochain. « La solution compte 5 modules, un de simulation de l’impact des ruptures, notamment financier, un module demande pour challenger le CBN qui n’est pas forcément fiable pour l’ensemble des références, un module planning, un module commandes qui s’interface avec SAP et un module réseau pour collaborer avec les fournisseurs » détaille Jean-Baptiste Clouard, le CEO de Flowlity. Les premières mesures d’efficacité de l’outil auront lieu trois mois plus tard. Quant au ROI estimé, il serait inférieur à 18 mois… JLR

Dans l’amiénois, c’est au service du spécialiste des acides aminés Metex que Log’S a pris à bail 24 000 m² sur l’entrepôt XXL de 83 000 m² entrepris fin 2021 par Castignac sur 20 hectares de la friche industrielle issue de la fermeture de l’usine Goodyear (voir NL 3460). Groupe français d’envergure internationale, Metabolic Explorer (soit Metex) produit par fermentation des ingrédients destinés aux filières de la nutrition animale, surtout, mais aussi des cosmétiques ou des biopolymères. Courant 2021, il avait acquis auprès du japonais Ajinomoto le vaste complexe de production d’acides aminés implanté de longue date au nord d’Amiens, et c'est ce site rebaptisé Metex Nøøvistago qui va s’appuyer sur Log’S et ces capacités logistiques ouvertes à quelques centaines de mètres. Le 3PL y prend en charge l’ensemble des flux de matières premières et de produits finis, en assurant les navettes transport, le stockage et la gestion des expéditions pour la mise à disposition des transporteurs chargés de la distribution BtoB. Via ce partenariat, l’industriel amiénois bénéficie d’une solution axée sur l’excellence opérationnelle et lui assurant une maîtrise complète des coûts, dans un cadre pérenne qui accompagnera l’évolution de ses flux. « Cela fait 3 ans que nous travaillons sur ce projet qui met en lumière notre expertise en logistique industrielle et agroalimentaire », commente Vincent Mangin, directeur du développement international chez Log’S. De son côté, le directeur du développement durable et des affaires publiques de Metex, Nicolas Martin, souligne que « cette collaboration renforce notre intégration dans le tissu industriel amiénois et nous permet de bénéficier d’un outil logistique de premier plan, au service de nos clients en France et en Europe ». On notera que sur cet entrepôt XXL, tout le reste des surfaces –soit près de 60 000 m²– a été pris à bail par Goodyear, qui entend assurer un autre type d’activité sur le site de son ancienne usine. MR

La concurrence va s’accroître sur le marché des DMS (Delivery Management System). Hub One, l’opérateur de technologies digitales pour entreprises et organisations publiques filiale d’ADP a profité de sa présence à Supply Chain Event pour dévoiler sa suite logicielle Hub One DMS. Ciblant transporteurs, grossistes et distributeurs, cette solution comprend des modules dédiés à la gestion de quais, à l’optimisation de tournées, à la livraison/collecte, au suivi de contenants, à la gestion de la chaîne du froid, et à la relation clients (extranet avec gestion de notifications par emails ou SMS). « Ces modules sont proposés sur étagères et se pluggent à tous les systèmes d’information existants type ERP, WMS et TMS, souligne Guillaume Soulard, expert solutions transport et logistique chez Hub One. Certains ont été développés en interne et d’autres ont fait l’objet d’accords de partenariat ». Le module d’optimisation de tournées s’appuie ainsi sur la solution développée par l’éditeur spécialisé Kardinal., capable de prendre en compte les contraintes spécifiques de différents marchés et qui fonctionne en temps réel grâce à de puissants algorithmes d’optimisation et d’ordonnancement. « L’association de nos compétences représente une véritable valeur ajoutée pour le marché et les acteurs en quête de moyens efficaces pour piloter facilement et rapidement les opérations associées à la livraison et à la collecte des marchandises », indique Benoît Duchêne, le directeur de la division Mobility de Hub One. Comptant déjà parmi ses utilisateurs l’entreprise Vital Concept (vente à distance de produits et équipements pour agriculteurs, spécialistes des espaces vertes et professionnels du monde équin), Hub One DMS est proposé en mode Saas avec un coût de licence mensuel par utilisateur. « Pour de grands comptes, nous pouvons aussi envisager une utilisation en mode on-premise » précise Guillaume Soulard. AD

La Commission européenne a adopté une proposition de révision de la directive sur le transport combiné visant à améliorer la compétitivité du fret intermodal par rapport au transport 100% routier. Cela vient compléter les textes destinés à favoriser le verdissement du fret présentés cet été dans le cadre du programme européen dit Green Deal, notamment le projet de règlement sur une meilleure priorisation des corridors ferroviaires en faveur du fret et la révision de la directive relative aux poids et dimensions des poids lourds. Cette nouvelle révision proposée par Bruxelles introduit principalement deux choses : une exemption d’interdiction de circuler le week-end pour le transport combiné, et un objectif fixé aux Etats membres de réduction d’au moins 10 % du coût moyen porte-à-porte des opérations de transport combiné dans un délai de sept ans avec mise en place des politiques nécessaires pour y parvenir. « En 2022, 13,6 milliards de tonnes de marchandises ont été transportées sur les routes de l’UE, rappelle Adina Vălean, commissaire européenne aux transports. Ce fret est essentiel à l’économie et, à mesure que la demande augmente, nous devons en maîtriser les coûts et émissions de CO₂. Grâce à notre proposition, les camions maintiendront leur rôle dans le secteur du fret, mais leur combinaison à d’autres modes de transport plus durables, tels que les barges, le transport maritime à courte distance ou les trains, permettra de réduire les coûts externes du transport et d'optimiser l'utilisation de notre réseau de transport dans l'intérêt des citoyens et de notre économie ». La proposition va maintenant être examinée par le Parlement européen et le Conseil dans le cadre de la procédure législative ordinaire. AD

Quand les commandes prennent du retard, que les marges se dégradent, il est souvent d’usage d’incriminer son outil informatique, en l’occurrence son ERP, voire de remettre en cause la compétence de ses équipes. Et pourtant… Dans son récent ouvrage intitulé « Comprendre la physique des flux industriels », le consultant et formateur Xavier Perrin, fort de ses quarante années d’expérience dans le domaine, propose une autre manière d’appréhender les problèmes. Pour lui, la plupart de défaillances rencontrées en planification industrielle ne proviennent ni des outils ni des équipes mais de l’ignorance des principes de base au niveau managérial. Résultat, l’ERP n’est pas correctement paramétré, ni exploité, et les processus PDP et PIC ne sont pas conduits comme ils devraient l’être, c’est-à-dire avec pour objectif la maîtrise des flux industriels (par opposition aux méthodes classiques de calcul des coûts). Très pédagogique, cet ouvrage nous explique le pourquoi et le comment, non pas pour la théorie, mais dans le but d’améliorer la satisfaction client et accroitre de façon pérenne la performance de l’entreprise. Loin des idées reçues, on y apprend notamment, parmi les 4 grands principes de la physique des flux industriels, que la première cause de variabilité du temps de traversée (l’indicateur phare) est la gestion des priorités. L’auteur revisite également les grandes méthodes classiques (MRP-2, lean, théorie des contraintes) sous l’angle de l’accélération et de l’écoulement des flux. A noter que ce livre propose aussi en annexe une description détaillée de trois serious games qui permettent de sensibiliser les entreprises à la physique des flux industriels. JLR

Fin octobre, le groupe LVMH a inauguré sa nouvelle plateforme logistique implantée en périphérie de Shanghai, dans le district de Minhang, qui occupe l’essentiel de l’ambitieux programme de 120 000 m² sur trois niveaux développé par PRD China pour le géant du luxe, dont la construction a été menée par GSE (voir NL 3334). Baptisée LuMan Garden, cette plateforme associe deux entrepôts sur trois niveaux culminant à 36 mètres et partageant deux cours poids-lourds en étages, desservies par une massive rampe centrale. Le tout permet de développer sur un foncier de 9 hectares quelque 106 000 m² d’espaces de stockage et de préparation, sans compter près de 4 000 m² de bureaux. Le centre de distribution ouvert par LVMH est dédié aux opérations de sa division Parfums et Cosmétiques. Ce projet conçu par la structure chinoise du français PRD a été construit en 24 mois, « en incluant 3 mois de lockdown pendant le Covid », fait valoir GSE, qui ajoute une nouvelle réalisation d’envergure à ces nombreuses références dans ce pays où son implantation remonte à 25 ans. Et le contractant fait valoir la mise en œuvre de techniques de construction innovantes en Chine, à base de panneaux préfabriqués en béton, dont certains de grande portée. « Nous sommes fiers de cette collaboration avec PRD pour un projet emblématique qui réunit le meilleur du savoir-faire et des compétences de GSE sur ce type d’opération » souligne son président Roland Paul. Sur cette plateforme décidément tricolore, on notera que Geodis et Sephora avaient de leur côté inauguré deux semaines plus tôt les 20 000 m² résiduels pris à bail par le 3PL pour étoffer la logistique e-commerce et magasins de l’enseigne beauté dans le pays (voir NL 3739). MR