L’opérateur de la plateforme digitale de transport multimodal Upply, via son expert Jérôme De Ricqlès, se livre en ce début d’année à son exercice de prospective sur le transport conteneurisé dans le maritime au travers de trois scenarios possibles. Avec deux quasi-certitudes, que « la probabilité que les taux de fret soient plus élevés en 2024 qu’en 2023 est assez forte » et qu’il « devient crucial de faire entrer des critères exogènes à ceux du marché dans les matrices de décision ». Dans le premier scénario, la tendance générale est à l’évitement des canaux de Suez et de Panama en raison de facteurs exogènes (tensions géopolitiques au Moyen-Orient et sécheresse, respectivement) en privilégiant les liaisons via le Cap de Bonne-Espérance et le Cap Horn. Ces rotations plus longues seraient en fait une aubaine pour les compagnies maritimes qui pourraient augmenter leurs taux de fret (aux alentours des 3500 US$/40’ dry sur le marché Asie-Europe) tout en améliorant la prédictibilité de leurs délais d’acheminement. Cette primauté à la fiabilité sur la rapidité pourrait d’ailleurs séduire certains chargeurs, et en pénaliser fortement d’autres. Selon le deuxième scénario, les compagnies maritimes choisissent d’adopter une discipline très stricte en matière de services pour faire remonter les taux de fret contractuels à un niveau rentable opérationnellement, avec une généralisation des blank sailings sur la durée, le temps d’y parvenir. C’est ce qui a été observé depuis le mois de décembre, mais pour que la stratégie fonctionne, il faut a minima qu’elle soit suivie simultanément par le top 5 des opérateurs maritimes. Et pour sécuriser cette remontée des taux, ces dernières devront en contrepartie apporter certaines garanties à leurs clients sous contrat en cas de difficultés opérationnelles. Dans le troisième scenario, « l’embrasement géopolitique », qu’on aurait sans doute pu juger irréaliste il y a encore deux ans, l’ouverture d’une troisième zone de conflit majeur du côté de Taiwan pourrait induire de grands déroutements maritimes et des embargos. Avec une forte inflation sur les taux de fret, voire des interruptions massives de trafic… JLR