Dans le SC Mag de décembre, notre dossier « Faire face aux pénuries de médicaments » citait différentes pistes, notamment un processus S&OP mieux connecté aux évolutions rapides de la demande, ou la mise en place d’un outil de vision consolidée des stocks multi-industriels au niveau étatique. La semaine dernière, le gouvernement a montré qu’il était à fond sur le sujet avec une nouvelle feuille de route 2024-2027 et pas moins de trois ministres mobilisés, Catherine Vautrin (Travail, Santé et Solidarités), Roland Lescure (Industrie et Energie) et Frédéric Valletoux (Santé et Prévention). Son Axe IV s’intitule « Transparence de la chaîne d’approvisionnement : l’information jusqu’au patient ». Il regroupe plusieurs chantiers, dont l’intégration des données de disponibilité des médicaments et leurs alternatives dans les logiciels d’aide à la prescription, ou le renforcement des obligations d’information de l’ensemble de la chaîne et de son pilotage au travers de l’outil DP-Rupture (mis en place il y a quelques années par l’Ordre des pharmaciens). Sans oublier un projet de « baromètre de la disponibilité des produits » dans les 180 agences de répartition pour l’ANSM et le ministère de la Santé, afin d’améliorer la visibilité sur la capacité des grossistes répartiteurs à approvisionner leurs clients. Le syndicat Les Entreprises du médicament (Leem) propose par ailleurs que la plateforme de suivi TRACStocks lancée en 2021 soit élargie à tous les acteurs de la distribution des médicaments pour assurer le pilotage des stocks disponibles. Les choses avancent donc en matière de visibilité SC, mais à quel rythme ? Dans la feuille de route 2019-2022 présentée par la ministre d’alors, Agnès Buzyn, l’élargissement de la plateforme DP-Ruptures à toute la chaine de distribution figurait déjà dans les actions phares. Certes, c’était avant le Covid, mais avec quels résultats ? Comme le rappelait Adel Aloui, enseignant-chercheur à l’Istec Business School Paris, dans son « Côté Recherche » du SC Mag de février sur les causes structurelles et conjoncturelles du problème, le nombre de ruptures signalées ou de risques de ruptures sur les médicaments en France est passé de moins de 200 en 2012 à plus de 700 en 2018. Et en 2022, il a dépassé les 3.700 ! Jean-Luc Rognon