Les enseignements de Notre-Dame-de-la-Résilience
Et si depuis ce samedi, les parisiens désignaient désormais leur cathédrale sous le nom de Notre-Dame-de-la-Résilience, comme les marseillais l’ont fait au XIXème siècle avec la basilique Notre-Dame-de-la-Garde ? En effet, après l’incendie du 15 avril 2019, la réussite du pari très audacieux de remise en état et de restauration en seulement 5 ans d’un tel édifice de plus de 8 siècles incarne ce qui se fait de mieux en matière de résilience. Le succès de cette formidable aventure collective, qui a mobilisé quelque 250 entreprises et plus de 2.000 ingénieurs, compagnons et artisans (sans oublier les sapeurs-pompiers) ne peut qu’inspirer toutes les directions Supply Chain obsédées par l’idée de résilience depuis le Covid. Comme dans tout grand projet, on ne peut que souligner l’importance d’une vision claire de l’objectif, connu de tous, ici fixé par le chef de l’Etat. Mais le « sponsorship » et l’objectif ne font pas tout, il faut aussi une solide équipe de pilotage et de management pour organiser la souscription (846 M€ collectés auprès de 340.000 donateurs), la sécurisation, la planification minutieuse, l’acheminement des matériaux (par la Seine) et la coordination des équipes sur ce chantier hors normes. Cet aspect logistique des choses n’est évidemment pas étranger aux militaires, et ce n’est sans doute pas un hasard si c’est un ancien chef d’Etat-Major des Armées, feu le général Jean-Louis Georgelin, qui avait été choisi comme chef d’orchestre (son successeur à l’été 2023 Philippe Jost est Ingénieur général de l’Armement). Le troisième ingrédient de ce pari réussi, c’est l’utilisation judicieuse des nouvelles technos, notamment la maquette numérique qui a pu être établie à partir des données scannées avant l’incendie par un professeur américain d’art médiéval visionnaire, Andrew Tallon (décédé en 2018), ou encore le portail digital qui a permis aux entreprises de ce chantier hors norme de se coordonner et d’exprimer leurs besoins. Sans oublier le système antifeu mis en place dans la « Forêt de chênes », la charpente en bois désormais dotée de sprinklers et de portes coupe-feu, à l’image de tous les entrepôts logistiques modernes. Car la résilience, c’est aussi intégrer les leçons des catastrophes passées! Jean-Luc Rognon