Qui de Boris Johnson ou de Jeremy Hunt succèdera à Theresa May au 10 Downing Street ? La réponse, entre les mains des électeurs du Parti conservateur britannique, sera a priori connue d'ici trois semaines. Tout le monde en a bien conscience, l'enjeu dépasse très largement le monde de la politique politicienne puisque le futur Premier Ministre du Royaume-Uni aura la responsabilité de piloter le Brexit pour une sortie de l'UE d'ici au 31 octobre, avec le risque d'arriver bel et bien au scenario repoussoir du « no deal ». En début de semaine dernière, l'industrie automobile est sortie de sa réserve. La SMMT (Society of Motor Manufacturers and Traders), l'un des syndicats professionnels les plus importants et les plus influents du Royaume-Uni, a publié un rapport qui indique qu'en cas de no deal, en plus d'une possible hausse des droits de douane, chaque minute de retard liée aux contrôles aux frontières représenterait un surcoût de 50 000 £ (56 000 €). Soit jusqu'à 70 M£ (78 M€) de pertes par jour pour ce secteur qui est le plus gros exportateur du pays. C'est tout le modèle du juste-à-temps qui serait mis à mal. Cet argument « made in supply chain » portera-t-il ? Quelques jours plus tard, c'est le groupe PSA qui a prévenu que l'assemblage de la future Astra dans l'usine Vauxhall d'Ellesmere Port (Pays de Galles) sera conditionné par un Brexit négocié à l'amiable avec l'UE. Ce lien étroit entre supply chain et politique existe aussi de notre côté de la Manche. Que la sortie du Royaume-Uni doit dure ou douce, la France devra être capable de saisir certaines opportunités, à condition de se hisser parmi les pays européens les plus avantageux, logistiquement parlant. C'est tout l'enjeu de du récent rapport de MM. Eric Hémar et Patrick Daher, dont les suites données par le gouvernement seront sans doute annoncées prochainement. Jean-Luc Rognon