Pourquoi y a-t-il encore assez peu d'applications en service de la blockchain en supply chain ? Selon la start-up franco-israélienne Qedit, le principal frein proviendrait du caractère de transparence absolue de la technologie de registre distribué. L'accès ouvert aux données sur la blockchain pose des problèmes de confidentialité, en particulier dans les blockchains d'entreprises, où tout le monde sait qui est qui, sans bénéficier d'aucun pseudo-anonymat. La solution proposée par Qedit est de rajouter à n'importe quelle blockchain une infrastructure cryptographique basée sur le principe de Zero-Knowledge Proof (preuve à divulgation nulle de connaissance). C'est la possibilité pour une entreprise de prouver mathématiquement qu'une proposition est vraie (je suis telle entreprise, j'ai tel besoin de transport ou de financement) sans être obligée pour autant de révéler les données sensibles sous-jacentes. « On ne transmet plus d'informations mais des preuves d'informations » résume Jonathan Rouach, CEO et cofondateur de Qedit. Un cas d'usage sur lequel travaille la start-up depuis quelques semaines concerne la supply chain du diamant, avec un joaillier new-yorkais. Il s'agit de prouver la faisabilité de la technologie ZKP dans le cadre d'une plate-forme collaborative transport qui bénéficierait de la puissance de la blockchain sans que les utilisateurs aient à partager leurs données confidentielles avant d'entrer en négociation avec le transporteur choisi in fine. Une autre application possible, également en développement chez Qedit, touche davantage à la Supply Chain Finance. Qedit a commencé une expérimentation en partenariat avec la société américaine Tradeshift (spécialiste des solutions de financement et des marketplaces numériques) pour imaginer une place de marché facilitant l'accès au crédit et au financement de factures pour les PME, avec validation du risque et préservation de la confidentialité des données jusqu'à la pré-validation du contrat. Qedit prévoit d'en faire la démonstration en janvier prochain au Forum de Davos. A noter que la start-up, dont le nom provient des initiales de l'expression latine Quod Erat Demonstrandum (CQFD en français), a réalisé en mai dernier un tour de table de 10 M US $. JLR
Ruben Arnold et Jonathan Rouach, les co-fondateurs de la start-up Qedit.
Crédit photo Qedit