Plutôt que de vous stresser inutilement dès l’édito avec le Covid-19 et ses conséquences prévisibles sur les salons à venir, je préfère aborder le sujet des élections municipales, dont la campagne officielle commence aujourd’hui. Dans une grande métropole comme Paris, où l’on estime à 300 000 par jour les opérations de livraison et d’enlèvement de marchandises, boostés par l’essor de l’e-commerce, on aurait pu croire que la logistique urbaine allait figurer parmi les grands enjeux du débat des municipales. D’autant que la perspective de JO en 2024 risque de complexifier encore la situation. Pourtant les propositions des candidats restent le plus souvent superficielles. Le premier à avoir fait ce constat est Jérôme Libeskind, le fondateur du cabinet Logicités, qui s’est livré dans son blog il y a trois semaines à une analyse factuelle des programmes des principaux candidats chefs de file à la Mairie de Paris. Le candidat le plus concerné par le sujet semble être Cédric Villani (liste « Le Nouveau Paris »). Dans son programme, Jérôme Libeskind relève que le mot « logistique » apparaît pas moins de 41 fois ! On y trouve plusieurs idées relativement nouvelles, parmi lesquelles la mise en oeuvre de quartiers apaisés (avec une logistique en périphérie), l’aménagement de micro-hubs sur les quais ou sur la petite ceinture, l’utilisation de micro-conteneurs urbains ou la création d’un label unifié pour différents services logistique, basé sur un cahier des charges environnemental (qui donnerait l’accès aux couloirs de bus par exemple). La liste « Paris en Commun » de la maire sortante Anne Hidalgo évoque rapidement la création de centres de logistique urbaine et l’utilisation des parkings pour offrir aux commerçants des solutions de stockage déporté. Dans le programme de sa liste « Dati pour Paris », Rachida Dati s’engage à travailler avec les professionnels de la logistique et les artisans pour optimiser les livraisons, et annonce son intention de taxer les livraisons « en heure » (en J+0 ?), « qui font que des camionnettes circulent à vide et viennent encombrer l’espace de circulation ». Plus étonnant, celle d’Agnès Buzyn (liste « Paris Ensemble »), ne compte aucune proposition sur la logistique urbaine. La liste « L’Ecologie pour Paris », menée par David Belliard, évoque l’utilisation du transport de fret sur la Seine avec des bateaux zéro émission, promet de faire évoluer le parc des véhicules de livraison et d’aider au développement d’espaces logistiques aux portes de Paris ou sur les ports, réservés aux artisans et commerçants (quid des transporteurs ? ). Quant aux trois autres candidats, à part la proposition de rouvrir en semaine les voies sur berge au trafic routier du forain Marcel Campion (liste « Libérons Paris »), pas de traces de logistique urbaine ni dans le programme de la candidate de la France Insoumise, Danielle Simonnet (liste « Décidons Paris ») ni dans celui de Serge Federbusch (liste « Aimer Paris », soutenue par le Rassemblement National). C’est bien connu, les marchandises ne votent pas, mais il n’en reste pas moins vrai qu’elles arrivent désormais de plus en plus au domicile des particuliers, qui eux sont bel et bien des électeurs !
Jean-Luc Rognon