Le réseau grenoblois Voc-Cov sur plusieurs fronts sanitaires
Au premier jour du confinement, un réseau de compétences et de bonnes volontés s’est constitué au sein de l’écosystème grenoblois sous la bannière Voc-Cov (Volonté d'Organiser, Contre le COVid-19), qui a rapidement réuni une quarantaine de professionnels du tissu local de l’industrie, de la recherche ou de la distribution. Tous sont bénévoles, certains libérés d’une bonne part de leur charge de travail tandis que d’autres font des journées à rallonges. Leur objectif : structurer des initiatives répondant à des enjeux propres à cette période de crise sanitaire. Sans délais, une plateforme internet est mise en ligne (https://www.voc-cov.org/) pour attaquer un premier sujet : le recensement de masques au sein des entreprises locales, et organiser leur mise à disposition des personnels soignants via l’ARS (au premier rang desquels le CHU de Grenoble). Ce premier chantier a permis d’en réunir 18 000 auprès d’une vingtaine d’entreprises de toutes tailles (parmi lesquelles Soitec, STMicroelectronics, Apple ou le CEA), en s’appuyant sur les moyens de collecte, de stockage puis de distribution du spécialiste Urby (mis dans la boucle par la mairie). Et le même principe prévaut pour d’autres EPI, type blouses ou charlottes. « La deuxième idée a été de concevoir un masque plastique, à filtre lavable et remplaçable, destiné aux soignants très exposés », nous explique Pierre-Emmanuel Frot, un des membres de ce collectif spontané (lui-même ancien de Schneider Electric, pendant 24 ans, et depuis l’an dernier en charge d’un programme entreprenariat au sein de la Fondation Grenoble INP, en lien avec les écoles d’ingénieurs grenobloises et l’école de management). Un prototype est mis au point avec des membres du CHU pour l’ergonomie, puis produit en impression 3D. « Nous nous employons à son homologation, en contact avec l’Apave, mais aussi à anticiper les questions d’industrialisation et de logistique. Pour cette phase, le principe d’impression 3D soulève des points quant aux normes pharmaceutiques, le contrôle qualité ou les volumes potentiels à produire, et l’optique est désormais plutôt de s’appuyer sur des industriels de l’injection plastique associés à notre démarche », poursuit-il. Mais le potentiel de l’impression 3D pourrait aussi être mis à profit pour produire des pièces et consommables pour les respirateurs, plutôt dans une optique de maintenance si les fournisseurs existants peinaient à répondre aux besoins. Avec l’avantage de compter sur l’expertise locale d’HP, qui fournit des imprimantes et connaît les clients disposant de capacités en la matière, ou de la société AddUp, créée en 2016 par le groupe Michelin et dédiée à l’impression métallique. « L’enjeu n’est pas de doublonner des filières existantes, mais de pouvoir apporter des réponses concrètes et rapides, si des besoins de back-up se font jour », note Pierre-Emmanuel Frot. MR