L’Etat vient au secours de la supply chain aéronautique
« Nous décrétons l’état d’urgence pour sauver l’aéronautique française » a déclaré hier Bruno Lemaire, le ministre de l’économie et des finances, à l’occasion de la présentation du plan de soutien de l’Etat à cette filière de quelque 1 300 entreprises qui font travailler directement et indirectement 300 000 personnes en France, pour un CA total estimé à 58 Mds €. Une somme de 15 Mds € est mobilisée, dont 8 Mds € de nouvelles aides (les 7 autres Mds avaient déjà annoncés dans le cadre du plan de sauvetage d’Air France). La priorité ? Sauver les emplois (100 000 seraient menacés dans les six prochains mois par des plans sociaux et des faillites) en prolongeant des mesures de chômage partiel entre 12 et 24 mois, et en aidant la R&D (1,5 Md€ d’aides publiques sur les 3 prochaines années) à accélérer le mouvement vers une aéronautique décarbonée, avec l’objectif de produire un premier avion de ligne zéro émission d’ici 2035. « Il est nécessaire de préserver au mieux les compétences si difficilement acquises pour préparer la reprise mais aussi poursuivre les efforts engagés pour l’amélioration de la compétitivité de la supply chain française et concevoir les futures générations d’aéronefs, encore plus respectueuses de l’environnement » peut-on lire dans le dossier de presse de ministère. La filière, qui a fortement investi ces dernières années pour suivre la montée en cadence de la production d’Airbus notamment, doit désormais faire face à une baisse d’activité importante, de l’ordre de -40%, sans grandes réserves de cash. Aux côtés des grands industriels (Airbus, Safran, Dassault-Aviation et Thales), l’Etat va donc investir dans deux outils pour aider les PME et ETI de la filière. Le premier sera doté de 500 M€ de capital dès juillet, et devrait atteindre à terme 1 Md€ de capacité de financement pour intervenir en fonds propres et favoriser le développement et les consolidations. Le second mobilisera 300 M€ de subventions pour accompagner les fournisseurs et sous-traitants de la filière dans leurs transformations et leur montée en gamme (robotisation, digitalisation). Par ailleurs, un groupe de travail a été mis en place entre les donneurs d’ordre, les sous-traitants et le milieu bancaire pour voir comment répartir la charge des stocks importants de matières et de pièces (du fait des baisses de cadences) qui pèsent sur les trésoreries des sous-traitants du secteur. L’Etat a également demandé aux grands industriels donneurs d’ordre de signer une nouvelle charte structurante par laquelle il s’engagent notamment à adopter une approche basée sur le coût global de possession dans la sélection de leurs fournisseurs, à réfléchir au rapatriement de productions ou de savoir-faire technologiques stratégiques pour la filière française et européenne, et à développer des relations plus équilibrées entre donneurs d’ordres et fournisseurs, en respectant les commandes fermes. JLR
Le plan de soutien à l’aéronautique, qui porte sur 8 Mds € de nouvelles aides, comprend deux outils financiers pour aider les PME et ETI de la filière, touchées par la forte baisse d’activité dans les deux à trois prochaines années.
Crédit photo Airbus