S’imaginer que les ressources de la planète sont illimitées et que l’on pourra continuer indéfiniment à transporter les marchandises en utilisant les énergies fossiles à fortes émissions de CO2 fait partie des pensées usagées, obsolètes ; tout le monde est désormais d’accord là-dessus. Mais les mesures que prennent aujourd’hui les entreprises sont-elles pour autant à la hauteur de l’enjeu environnemental ? Qui peut croire que l’économie de demain ressemblera à celle d’aujourd’hui mais décarbonée ? Certainement pas Juliette Decq, directrice de Carbone 4 Académie, le centre de formation du cabinet de conseil fondé par Jean-Marc Jancovici, qui est intervenue lors de la célébration des 50 ans de GS1 jeudi dernier au Pavillon Gabriel, autour du thème de l’économie circulaire. « Sans remise en cause profonde du niveau de production et de consommation, ce sera compliqué. Il faut d’urgence se poser la question de l’intérêt des produits et services que l’on vend (…). Le statu quo de l’économie n’est plus acceptable mais peut évoluer » a-t-elle insisté. On pense notamment aux changements de business models vers une économie d’usage, qui font partie des pistes de réflexions avancées de certaines entreprises dans l’automobile, l’électroménager ou le textile, même si pour le moment ce sont plutôt les initiatives sur le transport décarboné qui sont mises en avant. Dans cette perspective, le Supply Chain Management va jouer un rôle clé pour accompagner un tel changement de paradigme économique qui verra le consommateur transformé en usager. Peut-être faudra-t-il alors renommer la discipline en Supply, Maintain, Repair, Reuse & Recycle Chain Management ? En tout cas, il y a comme une urgence à penser usagers ! Jean-Luc Rognon