Le bilan 2024 d’Arthur Loyd Logistique ne cache pas que l’année a été « indéniablement difficile » pour les utilisateurs vu la dégradation du climat économique, « amplifiée à mi-année par l’instabilité politique ». La demande placée de surfaces logistiques a peiné à atteindre 2,6 M de m², en-deçà de 29% de la moyenne quinquennale et flirtant avec les volumes du début de la décennie précédente. « Et l’absence de budget obscurcit la vision des acteurs logistiques, contraints de se montrer prudents. À contexte inchangé, la frugalité restera de mise », considère Didier Terrier, directeur associé d’ALL. Côté profil des preneurs, les prestataires ont joué un rôle majeur au 1er semestre, avant que les volumes pris par les chargeurs dominent au 3ème trimestre compte tenu de transactions XXL (10 ont dépassé les 60.000 m² sur 2024, soit un quasi-record malgré le contexte). Mais un décodage s’impose : « Ces transactions de grande taille relèvent pour l’essentiel d’opérations initiées il y a des années, comme Ikea à Limay (78) ou Amazon à Colombier-Saugnieu (69), d’où leur inscription à contre-courant de la conjoncture. En les excluant, les prestataires s’illustrent comme les principaux faiseurs du marché », précise-t-il, en notant toutefois un retour des e-commerçants, à l’image d’Amazon avec trois nouvelles implantations, en propre ou via des prestataires, ou les constructions XXL lancées par Vente-Unique.com (voir NL 4061) et Aosom (voir NL 4117). Côté géographie, le hors dorsale capte pour la 2ème année consécutive la quasi-moitié des volumes, contre moins d’un tiers auparavant, avec en tête la région Centre-Val-de-Loire et ses 430.000 m² commercialisés en 2024, qui confirme la montée en puissance des territoires périphériques à l’Ile-de-France. Quant à la trajectoire à venir ? La reprise des transactions est en partie conditionnée par la stabilité politique, garante de la bonne tenue économique, mais les fondamentaux sont solides, note ALL en mentionnant notamment les marges de progression en part de marché d’un e-commerce consommateur de m². « L’idée que l’industrie fonctionne de pair avec la logistique fait par ailleurs son chemin, et les collectivités s’avèrent plus enclines à réserver du foncier à cet effet, tandis que l’affirmation de la souveraineté européenne peut représenter une véritable opportunité pour la demande logistique », conclut Didier Terrier. MR
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Didier Terrier, directeur associé d’Arthur Loyd Logistique ©Arthur Loyd