La nécessité d’une montée en cadence de l’industrie française de défense ne date pas de la semaine dernière, mais le tempo s’accélère. Après avoir marqué les esprits avec son « économie de guerre » dans son discours à EuroSatory en 2022, le président Macron a alerté la semaine dernière sur le fait qu’il fallait « produire davantage », tandis que le ministre de la Défense Sébastien Lecornu plaidait ce week-end pour un « poids de forme » du budget des Armées à 100 Mds€ par an, soit le double de celui de 2025. Quant à l’Europe, face au désengagement militaire américain en Ukraine, elle compte lancer un plan de 800 Mds€. Malgré la perspective de tous ces milliards, il y a beaucoup de défis à relever pour arriver à produire davantage, plus vite et moins cher des canons, des missiles, des avions, des véhicules blindés, des drones, des munitions, etc. En France, la BITD (base industrielle et technologique de défense) est composée de 9 grands donneurs d’ordre (Airbus Defence & Space, Dassault Aviation, MBDA, KNDS, etc.) mais surtout d’un tissu de quelque 4.000 entreprises (200.000 emplois directs et indirects) dont beaucoup sont des PME. Or selon les chiffres de la DGA, près de 200 d’entre elles n’étaient pas en mesure d’accélérer leur production en 2022, alors que la Russie venait d’envahir l’Ukraine. Outre le défi de l’investissement et du déficit de main d’œuvre, il y a d’importants chantiers Supply Chain qui se profilent puisque l’économie de guerre suppose non seulement de passer d’une logique de flux à une logique de stocks mais aussi de sécuriser les matières premières stratégiques et les composants électroniques. Sans oublier d’intensifier les efforts sur la visibilité dans le pilotage des opérations sur toute la chaîne en travaillant sur la continuité numérique des données entre industriels et donneurs d’ordre. Pour gagner en compétitivité et en agilité, cette Supply Chain de la défense pourrait bien s’inspirer de ses consoeurs civiles. Que les volontaires sortent du rang ... Jean-Luc Rognon

© S. Trouvé