L'interview d'Elisabeth Borne début juillet dans les Echos continue à faire des remous dans le landernau du transport. Non pas comme la semaine dernière au sujet d'une éventuelle réapparition, sous une autre forme, de l'écotaxe, mais à propos du canal Seine-Nord Europe. La Ministre du Transport n'a pas nommément cité le projet parmi les programmes de construction d'infrastructures qui pourraient être mis en pause (dans l'attente d'une loi de programmation à venir au cours du premier semestre 2018). Il n'empêche que tout le monde s'inquiète et demande au gouvernement de clarifier sa position. TFF (Transporteurs Fluviaux de France) rappelle que le projet est largement financé (à 40% par l'Europe et à 25% par les territoires) et que son report constituerait un signal négatif en termes d'écologie des transports et d'intermodalité. L'Union TLF redoute un « nouveau repli politique » en soulignant que le projet, « crucial pour l'avenir du fret fluvial », s'inscrit dans les objectifs de renforcement de la compétitivité de la France et le développement harmonieux de ses territoires fixés par le plan « France logistique 2025 » en 2016. L'association Seine-Nord Europe, qui regroupe des collectivités territoriales, des organismes socioprofessionnels, des chambres consulaires et des personnalités mobilisées en faveur du projet de canal, fait remarquer qu'en 2017 et 2018, le financement du projet CSNE par l'Etat français ne correspondra qu'à quelques dizaines de M€, « une somme significative mais très éloignée des économies à réaliser pour contenir le déficit public sous la barre des 3 % du PIB ». La contribution de l'Etat français, dont le paiement sera étalé sur 8 ans, correspond à 21 % du coût total du projet (4,7 millions € constants). Elle rappelle également qu'environ 250 M€ ont été déjà dépensés dans la réalisation du projet et que la France perdra la contribution de l'Union européenne si le canal ne se fait pas dans les délais prévus. JLR