« Des atouts certains, des résultats décevants et des faiblesses persistantes ». Tel est l’état actuel des ports maritimes français formulé par une mission sénatoriale dans un rapport relatif à leur gouvernance et performance qui a été adopté début juillet par la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat. « Les trafics des grands ports maritimes ont reculé depuis 2008 et sont aujourd’hui à un niveau comparable à celui atteint au début des années 2000, illustre le rapport. En 2019, environ 310 millions de tonnes de fret ont transité dans les 7 grands ports maritimes de métropole et Calais. En comparaison, le port de Rotterdam a traité 470 millions de tonnes et le port d’Anvers 238 millions. » Outre la désindustrialisation, la situation française s’explique, selon les sénateurs, par une absence de vision stratégique et un sous-investissement chronique dans la desserte des ports par d’autres réseaux de transports massifiés comme le ferroviaire et le fluvial, expliquant que 80 % des pré et post?acheminements portuaires reposent aujourd’hui sur le routier. « Plus de 40 % des conteneurs à destination de la France métropolitaine transitent encore par des ports étrangers en 2020 », relèvent les sénateurs. Dans ce contexte, le rapport formule 4 recommandations et 10 propositions afin de relancer les ports français. Le rapport préconise notamment la structuration d’un réseau de correspondants au service de la promotion des intérêts portuaires français au sein de l’UE et que soit créée un Conseil national portuaire et logistique (CNPL). Associant l’ensemble des acteurs de la filière, celui-ci piloterait la mise en œuvre de la stratégie portuaire et logistique du pays de façon transversale. Côté propositions, citons le lancement d’un plan de relance portuaire de 150 M€ par an sur 5 ans financé par l’État, et un doublement des investissements prévus par la Loi d’orientation des mobilités (LOM) en matière de report modal dans le transport de marchandises, à 5 Md€ sur 10 ans. A l’instar de l’alliance 4F (voir NL 3163), la mission sénatoriale propose aussi de favoriser le report modal en triplant dès l’an prochain le montant de l’aide à la pince pour qu’il atteigne environ 80 M€. Au total, les propositions de la mission conduiraient à un doublement des moyens dédiés aux ports français, soit 7,3 Md€ sur 10 ans, contre 3,7 Md€ sur la même période si les divers crédits bénéficiant aux grands ports maritimes restaient inchangés. AD
La France compte 66 ports de commerce dont 17 grands ports maritime (GPM).
Crédit photo Marseille Fos