Non il ne s’agit pas d’un édito politique au lendemain du coup de tonnerre de la décision du Président de dissoudre l’Assemblée nationale. L’idée de ce titre, je l’ai eue vendredi avec le retour de l’opération « ports morts » qui a notamment affecté celui du Havre. Selon le préavis déposé le 30 mai dernier par la fédération nationale des ports et des docks CGT, trois jours complets de grève sont encore prévus les 13, 21 et 25 juin dans les ports français, en plus de 22 débrayages de quatre heures à d’autres dates. Le but poursuivi est de revenir sur le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite des dockers de 58 à 60 ans, entériné par la réforme de 2023 malgré la promesse qu’Emmanuel Macron aurait faite en avril 2021, lors d’une visite au Havre, que la réforme des retraites ne s’appliquerait pas aux dockers et aux travailleurs portuaires. Dans son communiqué, le syndicat rappelle que les nombreuses réunions sur le sujet au Ministère des Transports n’ont pas abouti. « Le gouvernement a une fois de plus mis le feu, il connait les modalités pour l’éteindre » peut-on y lire. Or ce feu s’étend à beaucoup d’autres maillons de la chaîne. C’est ce que dénoncent les organisations professionnelles du transport, qui s’inquiètent des graves conséquences de ces grèves sur la désorganisation des plannings conducteurs, sur les délais de prise de rendez-vous, sur les pertes financières dues aux frais de stationnement des conteneurs « dans un contexte de reprise de la demande conteneurisée en Europe ». Sans parler des risques de reroutage des flux logistiques vers d’autres ports européens. Alors que l’on sait depuis hier soir que la marge de manœuvre du gouvernement actuel va être considérablement réduite jusqu’à début juillet, avec l’imminence d’élections législatives express, comment ne pas se poser la question : peut-on mettre sciemment en difficulté de nombreuses supply chains et ce qu’il reste de l’attractivité des ports français pour une absence de résultats connue à l’avance ? Jean-Luc Rognon