Depuis son investiture, le nouveau locataire de la Maison-Blanche enchaîne les annonces fracassantes sur fond de politique protectionniste. Après les taxes de 25% sur les produits importés du Mexique et du Canada (finalement en sursis jusqu’en mars) et de 10% sur les importations en provenance de Chine (en vigueur depuis mardi), Donald Trump a affirmé ce dimanche que les Etats-Unis allaient appliquer des droits de douane de 25 % sur l’aluminium et l’acier importés, en précisant que les détails sur ces mesures seraient annoncés dès aujourd’hui. Quant à l’UE, elle reste par ailleurs sous la menace d’une prochaine augmentation de la taxation des produits européens entrant sur le sol américain. Toutes ces déclarations et ces décrets à venir ne seront pas sans conséquences sur les supply chains mondiales et le renchérissement des coûts de production, à commencer par l’automobile. Car même quand ils assemblent leurs véhicules aux Etats-Unis, beaucoup de constructeurs américains et européens utilisent des pièces et composants provenant du Mexique, de Chine et du Canada. La filière aéronautique européenne pourrait aussi avoir du souci à se faire en matière d’ingénierie douanière, avec ses sous-traitants répartis de part et d’autre de l’Océan Atlantique. Et quid de l’industrie pharmaceutique, des produits laitiers, des vins et spiritueux, si l’UE devenait effectivement la prochaine cible de M. Trump ? Sur le très court terme, certaines directions Supply Chain auront sans doute le réflexe d’augmenter leurs stocks outre-Atlantique en prévision d’une surconsommation de leurs produits sur le marché américain avant l’entrée en vigueur de ces taxes. Et sur le plus long terme, les stratégies de nearshoring et de friendshoring pourraient bien avoir le vent en poupe du côté des directions Achats. Jean-Luc Rognon
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© S. Trouvé